AUTEURS ET AUTEURES
Participent au 20ème Festival International
de Littérature de Loèche-les-Bains:
Christoph W. Bauer, Autriche
Anneke Brassinga, Pays-Bas
Marcel Beyer, Allemagne
S. Corinna Bille, Suisse
Roland Buti, Suisse
Gerhard Falkner, Allemagne
Jérôme Ferrari, France
David Grossman, Israël
Sandra Gugic, Autriche
Fawwaz Haddad, Syrie
Nino Haratischwili, Allemagne/Géorgie
Judith Hermann, Allemagne
Thomas Hettche, Allemagne
Thomas Hürlimann, Suisse
Pierre Imhasly, Suisse
Meena Kandasamy, Inde
Thomas Kapielski, Allemagne
Anne-Marie Kenessey, Suisse
Urs Mannhart, Suisse
Julien Maret, Suisse
Shahin Najafi, Iran/Allemagne
Katja Oskamp, Allemagne
Rosa Pock, Autriche
Werner Ryser, Suisse
Joachim Sartorius, Allemagne
Armin Senser, Suisse
Peter Stamm, Suisse
Heinrich Steinfest, Autriche
Christian Uetz, Suisse
Steven Uhly, Allemagne
Serhij Zhadan, Ukraine
Christoph W. Bauer
Né en Carinthie, Christoph W. Bauer travaille et habite à Innsbruck depuis des années.
Il comprend sa poésie et ses récits entre autres comme une tentative de poursuivre certaines traditions littéraires par la réécriture. Il modifie des thèmes empruntés aux plus grandes œuvres de la littérature, leur donne une tonalité spécifique, renouvelle la langue, et poursuit la réflexion.
L’observation de la nature, du quotidien et des passions, la remise en question de concepts à la mode, l’actualité et les faits médiatiques, sont d’autres thèmes importants de la poésie de Christophe W. Bauer. À ce large éventail thématique correspond une richesse stylistique maniée avec beaucoup de savoir-faire, une élégance retenue, de la précision et de la simplicité.
Poésie et culture punk, Catulle et pop allemande. C’est entre ces pôles en apparence contradictoires que Christophe W. Bauer ouvre le champ à son cycle poétique, intitulé MEIN LIEBEN MEIN HASSEN MEIN MITTENDRIN DU. En 37 poèmes, il fait vivre à son je lyrique toutes les phases d’un beau, d’un triste, d’un enchanteur amour. La première rencontre, la découverte curieuse, l’envie, l’euphorie, la routine et les failles qui se creusent jusqu’à la séparation dans la haine – telles sont les étapes que le poète romain Catulle retrace déjà dans son œuvre universelle «odio et amo» («je déteste et j’aime»).
Bauer se confronte à la tradition, la détourne, joue avec les masques littéraires. Il relie sans peine des mondes éloignés, renvoie aussi bien à la tradition de la poésie antique qu’au ton léger et moderne de la pop culture, et change subtilement d’ambiance et de ton. Avec fraîcheur, insolence et une honnêteté pleine d’autodérision, il raconte ainsi une histoire d’amour, au travers de poèmes s’inscrivant dans l’air du temps tout en s’en distanciant.
ORANGE SIND DIE ÄPFEL BLAU. Poèmes. Haymon Verlag 2015
IN EINER BAR UNTER DEM MEER. Histoires. Haymon Verlag 2013
GETAKTET IN HERZSTÄRKENDER FREMDE. Poèmes. Haymon Verlag 2012
MEIN LIEBEN MEIN HASSEN MEIN MITTENDRIN DU. Poèmes. Haymon Verlag 2011
Anneke Brassinga
Depuis le milieu des années 80, la poétesse Anneke Brassinga, née dans le village néerlandais Schaarsbergen, envoute ses lecteurs par sa sensibilité unique pour la matérialité de la langue, qu’elle place au premier plan de sa poésie. Elle devint poétesse un peu par hasard: au milieu des années 1970, la revue DE REVISOR lui demande de traduire vers le néerlandais quelques poèmes du recueil ARIEL de Sylvia Plath. Dès 1987, elle débute avec la publication de son premier recueil de poèmes: AURORA. Suivront huit autres recueils, ainsi qu’un volume d’essais. Avant cette rencontre avec Sylvia Path, elle n’appréciait pas particulièrement les poèmes. Ils lui paraissaient, comme elle le dit elle-même, comme: «une carte blanche pour épater la galerie, des vaines gamineries, des sensibleries». En lisant la poésie de Plath, elle comprend qu’il n’est pas question ici d’une simple mise en vers, mais d’une «substance placée sous tension».
La poétesse Brassinga n’existerait pas sans la traductrice Brassinga (elle a aussi traduit vers néerlandais notamment Samuel Beckett, Ingeborg Bachmann, Vladimir Nabokov): «écrire, et certainement écrire un poème est la même chose que traduire, l’opération est juste inversée: un tâtonnement prudent vers les battements de cœur de son propre texte». En résulte l’inventivité de sa langue. Ses poèmes ne se confinent pourtant pas dans une vie parallèle définie uniquement par la langue, ils s’enracinent profondément dans la réalité. Elle considère l’acte poétique comme une forme de création qui apporte quelque chose dans le «Seyn» (titre de l’un de ses poèmes).
En collaboration avec le DAAD Berlin.
DESCENDANCE. Traduit du néerlandais par Patrick Burgaud. Maison de la poésie Nord-Pas-de-Calais 1993
IMMER WIRD ETWAS AUF DIE SPITZE GETRIEBEN. Fünfzehn Gedichte. Aus dem Niederländischen übersetzt von Maria Csollány und Ard Posthuma. Nederlands Letterenfonds 2013
DAS KLOPFENDE HERZ DES TEXTES. Übersetzen und Dichten. In: Schreibheft 72. Zeitschrift für Literatur 2009. S. 161–163
GEDICHTE. In: Wespennest Nr. 165. 2013. S. 10–12 (aus dem Niederländischen von Maria Csollány)
Marcel Beyer
Marcel Beyer a grandi à Kiel et Neuss. Il a étudié les lettres, la littérature allemande et anglaise à l’Université de Siegen. A partir de 1989, il édite avec Karl Riha la série VERGESSENE AUTOREN DER MODERNE à l’Université de Siegen. De 1990 à 1993, il travaille comme lecteur pour la revue littéraire KONZEPTE. De 1992 à 1998, il publie des textes dans la revue musicale SPEX. En 1996 et 1998, il est invité comme écrivain en résidence au University College de Londres et à l’Université de Warwick à Coventry. Marcel Beyer a vécu jusqu’en 1996 à Cologne, depuis il réside à Dresde.
Dans un premier temps fortement influencé par Friederike Mayröcker (dont il a aussi publié les œuvres) et les auteurs du Nouveau Roman français, le détenteur du prix Spycher écrit de la poésie, des essais et des romans qui se concentrent de manière caractéristique et récurrente sur l’histoire allemande, et avant tout le Troisième Reich.
Douze ans après son dernier recueil de poèmes, paraît aujourd’hui GRAPHIT. Depuis ses débuts, Marcel Beyer donne dans ses vers beaucoup d’importance à l’intonation, à la tradition orale. Une manière de se rattacher à une époque précédant l’invention de l’imprimerie, quand la poésie dépendait avant tout de la bouche et de l’oreille, du caractère performatif. En lisant ses vers à haute voix, l’on remarque des relations entre les mots, des répétitions, des allusions, dues en premier lieu à des effets de rythme.
Dans plusieurs cycles de poèmes de son nouveau recueil, nous avons affaire à des réécritures, des reprises, mais aussi à des hommages à des collègues écrivains, des peintres, des photographes auxquels Beyer s’est consacré. Citons notamment Thomas Kling, Volker Braun, Wolfgang Hilbig, Elias Canetti, Georg Trakl, Gottfried Benn und Ezra Pound. Voilà l’univers dans lequel se meut le poète Marcel Beyer.
GRAPHIT. Poèmes. Suhrkamp Verlag 2014
PUTINS BRIEFKASTEN. Histoires. Suhrkamp Verlag 2012
KALTENBURG. Roman. Suhrkamp Verlag 2008
S. Corinna Bille
En 1975, Corinna Bille a obtenu la bourse Goncourt de la nouvelle pour son recueil de nouvelles LA DEMOIDELLE SAUVAGE paru chez Gallimard. En 1974, elle reçoit le prix Schiller pour l’ensemble de son œuvre, un hommage tardif pour une grande auteure dont, au moment de sa mort en 1979, seul le roman THEODORA (paru en 1944) est disponible en allemand.
Née le 29 août 1912, de son vrai nom Namen Stéphanie, elle adopte le nom Corinna en hommage à Corin, village natal de sa mère Catherine Tapperel. Venue initialement comme aide ménagère dans la famille du peintre Edmond Bille, cette dernière épousera l’artiste, bien plus âgée qu’elle, après la mort de sa femme. Corinna Bille racontera plus tard l’histoire d’amour de ses parents dans son récit «Virginia 1981» (paru en
1979).
En janvier 1942, Corinna Bille rencontre pour la première fois l’écrivain Maurice Chappaz. Le couple se marie en juin 1947, leur fils Blaise avait déjà trois ans. Corinna Bille était conjointement auteure, mère de trois enfants et épouse d’écrivain. À cette vie chargée s’ajoutaient de fréquents déménagements: la reconstruction de la maison à Veyras, en 1958, apportera sur ce plan enfin un peu de tranquillité. Dès 1964, le chalet de Vernys offre un havre de paix au couple. Il y aura encore un dernier déménagent dans l’ancienne abbaye du Châble en automne 1978. Quelques mois plus tard, Corinna Bille se sent fatigué et épuisée, un état qu’elle attribue à l’écriture des deux récits de son recueil DEUX PASSIONS: «ce livre est véritablement chair de ma chair». Après un dernier voyage avec le Transsibérien en septembre 1979, Corinna tombe gravement malade. Elle meurt quatre semaines plus tard, le 24 octobre 1979, à l’hôpital de Sierre. Elle est enterrée dans le cimetière de Veyras.
Voir aussi «Cols, passages et transitions» – Trois voix pour dire Corinna Bille
LE SABOT DE VENUS. Roman. Éditions Plaisir de Lire 2008 (1952)
ŒUVRES COMPLETES POUR LA JEUNESSE. En trois volumes. La Joie de Lire 1999
LE BAL DOUBLE. Nouvelles. Gallimard 1980
Roland Buti
Roland Buti est né à Lausanne, il enseigne l’histoire dans un gymnase et se consacre à la recherche et la littérature. En 1996, il achève une thèse remarquée sur l’extrême droite en Suisse et son rejet de la modernité.
LE MILIEU DE L’HORIZON est le troisième roman de Buti, et le premier traduit en allemand (DAS FLIRREN AM HORIZONT).
Il raconte l’histoire de Gus, un fils de paysan, et se déroule pendant l’été caniculaire de 1976. Le roman raconte comment la chaleur et la sécheresse affaiblissent les hommes et la nature, comment elles mettent en marche des changements qui se dessinaient depuis longtemps à l’horizon. La modernité fait irruption dans le village ; les exigences de l’agriculture changent sous la pression de la production de masse, les nouvelles répartitions des rôles annoncent une nouvelle liberté pour les femmes et ébranlent des fondements en apparence immuables. La NZZ écrit: «Le monde que Gus ressentait jusqu’ici comme une entité statique se dévoilait comme une structure dynamique, et toutes les tentatives pour freiner son changement devaient échouer, puisque le garçon se développait aussi lui-même». Die ZEIT a choisi LE MILIEU DE L’HORIZON comme «livre de fin d’année» et écrit: «Roland Buti connaît la vie villageoise qui a disparu à toute allure. Il décrit la manière dont la modernisation économique de l’agriculture et de la vie de village déploie une sorte de phénomène naturel, comment la nature météorologique forme une nouvelle alliance avec la nature humaine moderne et transforme tout le connu irrémédiablement en inconnu [...]. Quelque chose prend fin, quelque chose de nouveau débute, entretemps, l’on vit sur la limite. De déterminer si le bouleversement signifie la catastrophe revient à l’observatrice.»
LE MILIEU DE L’HORIZON. Roman. Editions Zoé 2013
LUCE ET CÉLIE. Roman. Editions Zoe 2007
UN NUAGE SUR L'ŒIL. Roman. Editions Zoe 2004
Gerhard Falkner
Gerhard Falkner est reconnu, parmi les poètes allemands contemporains, comme l’un des plus influents ; du point de vue stylistique, comme l’un des plus caractéristiques. Après avoir achevé une formation de libraire, il a vécu un temps à Londres. Il publie depuis le milieu des années 1970 des poèmes et de la prose dans des livres d’art et des revues. En 1981 paraît son premier recueil de poèmes: SO BEGINNEN AM KÖRPER DIE TAGE. Dans WEMUT, il annonce ne plus vouloir publier des recueils indépendants de poèmes. Il se consacre dorénavant davantage à des ouvrages d’essais, de prose et de dramaturgie.
Son pamphlet SUR LA PAUVRETE DU POEME discute de manière décisive le retrait du monde littéraire et la constitution de la littéraire allemande contemporaine. Il est devenu l’un des plus importants textes metapoétiques de ces derniers temps. En 2000, avec le livre ENDOGENE GESCHICHTE, paraît à nouveau un recueil indépendant de poèmes, agrémenté d’une «une postface plutôt qu’un mot de la fin» dans laquelle Falkner révise sa décision passée de retrait.
Pour son nouveau recueil de poèmes IGNATIEN, un florilège de 20 ELEGIEN AM RANDE DES NERVENZUSAMMENBRUCHS, il obtient une nouvelle reconnaissance avec le prix Spycher. Comme «troubadour de la modernité» (Kurt Drawert), il franchit la frontière de toutes les conventions littéraires et pénètre profondément dans les intérieurs du moi. Le cycle de poèmes de Falkner tourne autour de l’être des hommes du 21e siècle, autour de la manière dont cet être se miroite ou se brise dans le conscient et la langue. Les nouveaux vers de Falkner sont accompagnés d’images de Yves Netzhammer, mondes visuels surréalistes d’une grande intimité émotionnelle. L’évidence de la mise en regard des poèmes de Falkner et des images de Netzhammer crée une partition dialectique, un puissant chœur d’énergies poétiques et visuelles.
Voir aussi PERGAMON POEMS, DER LETZTE TAG DER REPUBLIK, STADTPLAN, IGNATIEN – Courts métrages présentés par Gerhard Falkner et Yves Netzhammer
IGNATIEN. ELEGIEN AM RANDE DES NERVENZUSAMMENBRUCHS. Zusammen mit Yves Netzhammer. starfruit publications 2014
PERGAMON POEMS. Aus dem Englischen von Mark Anderson. Verlag kookbooks 2012
BRUNO. Eine Novelle. Berlin Verlag 2008
Jérôme Ferrari
Jérôme Ferrari est né à Paris. Il place au centre de son quatrième roman paru en allemand, LE PRINCIPE, la figure du physicien quantique allemand Werner Heisenberg qui a formulé le fameux «principe d’incertitude», ébranlant les lois de la physique classique et la conception du monde. De même que Ferrari a déjà su éviter l’écueil du roman de gare dans LE SERMON SUR LA CHUTE DE ROME, il parvient, dans son dernier roman, à ne pas écrire une biographie romancée mais, comme le rapporte la SÜDDEUTSCHE ZEITUNG: «une représentation minutieusement documentée du destin d’un érudit allemand, dans une parfaite liberté littéraire, une représentation qui, comme dans un accélérateur de particules, parvient à faire scintiller les enjeux scientifiques, politiques, philosophiques et existentiels».
Quand la TAZ lui demande ce qui l’a attiré dans la biographie très allemande de Heisenberg, Jérôme Ferrari répond: «Décider d’aborder, en tant que Français, un destin qui est un destin très allemand, pose des problèmes de légitimité [...]. Le destin de Heisenberg m’a intéressé parce qu’il incarne un problème moral qui me paraît quasiment insoluble. Il n’existe pas de choix simple entre accusation et absolution, il faut poser une échelle de mesure. Il y a des destins clairement héroïques, et des destins manifestement funestes. Et, entre-deux, il y a le noyau de l’expérience humaine, qui n’est pas plus l’un que l’autre, et que l’on doit saisir dans sa complexité. Dans cet entre-deux se trouve le poids tragique de l’histoire.»
LE PRINCIPE. Roman. Actes Sud 2015
LE SERMON SUR LA CHUTE DE ROME. Roman. Collection «Domaine français». Actes Sud 2012
David Grossman
David Grossman, né à Jérusalem, étudie la philosophie et le théâtre. Il travaille longtemps comme correspondant et présentateur à la radio. Il sera pourtant licencié suite à son refus de taire la proclamation d’un état indépendant par les dirigeants Palestiniens. Grossman compte parmi les écrivains israéliens les plus importants de la littérature contemporaine et s’exprime fréquemment de manière critique sur le conflit du Proche-Orient. Il a déjà été récompensé à plusieurs reprises pour ses engagements pour la paix. Ses livres ont été traduits dans plus de trente langues. Dans ses deux derniers romans, TOMBE HORS DU TEMPS et UNE FEMME FUYANT L’ANNONCE, il aborde la mort de l’un de ses fils au cours de la guerre au Liban en 2006.
Sept ans plus tard, David Grossman s’exprime pour la première sur son rapport au deuil dans la FAZ: «La possibilité de me mouvoir, non seulement physiquement, mais aussi spirituellement, mentalement, dans la fantaisie est devenue vitale pour moi. J’ai remarqué combien cela me nuirait si je permettais à la tragédie de me pétrifier. Dans le mouvement, même s’il n’a pas de sens parce que l’on tourne en rond, à un moment donné, quelque chose de nouveau commence à croître en toi.»
David Grossman propose des solutions pour sortir de la situation sociale entre guerre et paix. Il essaie toujours de comprendre l’autre et montre que la littérature et la langue peuvent apporter une contribution importante pour la compréhension, l’ouverture des horizons. Il met en garde: «Lorsqu’il n’a plus de mots, viennent les clichés.»
La FAZ résume: «Les livres de Grossman appartiennent aux grandes lectures de notre temps [...]. Ce sont des œuvres au contact desquelles l’homme évolue [...]. Toucher le monde: dans son œuvre, l’auteur israélien franchit toutes les frontières.
AUS DER ZEIT FALLEN. Roman. Aus dem Hebräischen von Anne Birkenhauer. Hanser Verlag 2013
EINE FRAU FLIEHT VOR EINER NACHRICHT. Roman. Aus dem Hebräischen von Anne Birkenhauer. Hanser Verlag 2009
DIE KRAFT ZUR KORREKTUR. Über Politik und Literatur. Aus dem Hebräischen von Vera Loos, Naomi Nir-Bleimling. Hanser Verlag2008
Sandra Gugic
Sandra Gugic est née à Vienne et vit aujourd’hui comme auteure indépendante à Berlin et Vienne. Elle a étudié l’art de la parole à l’Université d’arts appliqués à Vienne et à l’Institut de littérature allemande à Leipzig.
Dans son premier roman ASTRONAUTEN, elle raconte en alternances rapides les histoires de jeunes gens. Tout se focalise sur la vie en métropole: nuits blanches et journées plombées, ivresse et gueule de bois, la dure réalité du quotidien, la solitude, le sexe et la compassion. Le roman est tout sauf une prose citadine vite consommée. D’une main sûre, Sandra Gugic dispose les près de 200 pages de son texte comme des «short-cuts» qui s’enchaînent en scènes percutantes, au suspens parfois proche du thriller, ne révélant jamais que ce que demande la progression de l’action.
Elle resserre l’action de son roman dans un réseau énigmatique où les personnages se rencontrent comme par hasard. Si les protagonistes semblent isolés, leurs histoires sont pourtant toutes étroitement reliées. Les personnages du roman ont comme dérapé dans la réalité après que le plan initial de mener une vie insouciante ne s’est pas réalisé. L’échec lamentable est souvent l’unique ressource disponible pour avancer.
Sandra Gugic sait comment imprégner son roman de rencontres et d’impressions justes et produit ainsi beaucoup d’authenticité. La langue comme expression d’identité: voilà ce qu’elle est parvenue à particulièrement bien dévoiler. Gugic dit: «La langue est nécessaire pour s’affirmer les uns contre les autres, ou contre le monde, mais elle est aussi utilisée comme moyen d’exclusion, comme signal pour la violence. Rien ne produit plus de malentendus et de catastrophes que la communication.» C’est pourquoi les «astronautes» échouent sans cesse dans leurs tentatives de communiquer, et pourtant ils n’abandonnent pas.
ASTRONAUTEN. Roman. Beck Verlag 2015
Fawwaz Haddad
Fawwaz Haddad est né à Damas. Il a étudié le droit et travaillé comme pharmacien et commerçant. Depuis 1988, il se consacre uniquement à l’écriture. Il est considéré comme l’un des plus importants écrivains syriens, un marginal qui n’a jamais pris le parti du régime d’Assad. Deux de ses dix romans ont été nominés au prix du livre arabe.
Son dernier roman, GOTTES BLUTIGER HIMMEL (2010), édité à Beyrouth, est le premier roman de l’auteur traduit en allemand.
Hadda n’évoque pas seulement la prison américaine d’Abu Ghraib, il envoie aussi son narrateur dans les salles de torture d’Al Qaïda, dans ces «abattoirs humains» qui dépendent du commandant Saner, un jeune homme charismatique, conjointement sensible et brutal, doux et sans compassion, intelligent et aveugle. Un cœur dur habité par beaucoup de larmes. L’adversaire idéologique de Saner, l’officier américain Miller, est un autre idéaliste aveuglé qui ne veut pas reconnaître que l’intervention américaine en Irak ne sert en aucune manière à la seule libération du peuple irakien. Il se suicidera finalement, martyr isolé d’une cause perdue. L’aumônier américain Reverend Barcley est un autre de ces «soldats de dieu» évoqués par le titre original du roman. Un raciste fondamentaliste, qui considère tous les Irakiens comme des animaux dont la chrétienté devrait être libérée. En interview avec la critique littéraire Angela Schader, Haddad explique qu’il comprend son roman comme une «forme d’art démocratique». C’est dans ce sens qu’il donne la possibilité à chacun de ses personnages d’exposer sa position, qu’il soit fondamentaliste américain, aumônier ou guerrier islamiste.
GOTTES BLUTIGER HIMMEL. Roman. Aus dem Syrischen von Günther Orth. Aufbau Verlag 2013
Nino Haratischwili
Nino Haratischwili est né à Tiflis en Géorgie. Après des études de réalisation en cinéma à l’école nationale de cinéma et de théâtre à Tiflis, elle étudie, de 2003 à 2007, la mise en scène de théâtre à l’Académie de théâtre de Hambourg. Comme réalisatrice, elle met en scène de nombreuses créations, notamment au Deutsche Theater de Göttingen, au Kampnagel de Hambourg, et au Thalia Theater. Ses réalisations scéniques ont souvent été récompensées.
Le troisième roman de Nino Haratischwili, DAS ACHTE LEBEN (FÜR BRILKA) est paru l’année passée. Ses 1300 pages ont été accueillies avec beaucoup d’enthousiasme, tant par les critiques que par les lecteurs.
DAS ACHTE LEBEN raconte une histoire totalement refusée par les politiciens contemporains. Une histoire de solidarité. Un roman sur les idées européennes, autocritique et sûr de lui, qui sait le pire et le meilleur de l’histoire de l’Europe, et en tire des réflexions pour le présent et l’avenir. Un roman qui enthousiasme les hommes pour les idées de l’Europe, apporte des réponses aux questions de gestion des réfugiés et des interventions violentes aux frontières. Un roman composé d’expériences fragmentées pour une idée communautaire, un récit sur les contours de l’Europe pour le centre. Un roman pour tous.
La FAZ écrit: «Ce roman est un cadeau qui nous vient des contradictions et de la grandeur de l’Orient qui s’est rapproché de nous plus que nous ne voulons l’admettre. Chaque nouvel être qui entre dans ce monde porte avec lui un poids d’histoire plus important que la génération précédente. Un poids ou un cadeau. De la sagesse, des atrocités, des rêves, des morts, des expériences, des étonnements, des abrutissements. La montagne d’histoires sur laquelle nous naissons devient toujours plus haute. Nous arrivons au monde toujours plus vieux.»
MON DOUX JUMEAU. Traduit par Dominique Venard, Paris. Buchet Chastel 2015
DAS ACHTE LEBEN (FÜR BRILKA). Roman, Frankfurter Verlagsanstalt 2014
MEIN SANFTER ZWILLING. Roman. Frankfurter Verlagsanstalt 2011
JUJA. Roman. Verbrecher-Verlag 2010
Judith Hermann
Après trois recueils de nouvelles, Judith Hermann (pour la troisième fois hôte du Festival de littérature de Loèche-les-Bains) a maintenant écrit son premier roman: ALLER LIEBE ANFANG. Un livre qui se penche sur les prétentions de l’amour et la vulnérabilité dans la vie.
Stella et Jason sont mariés, ils ont une fille, Ava. Ils vivent dans une maison en bordure de la ville ; une jolie maison, simple, avec un petit jardin. Une vie au quotidien, tranquille, le plus souvent sans Jason, qui travaille beaucoup. Mais un jour, un homme se présente à la porte de cette maison: un inconnu, une personne que Stella n’a jamais vue auparavant. Il dit vouloir simplement parler avec elle. Il n’en dit pas plus. Stella décline. L’inconnu s’en va et revient le lendemain. Il reviendra aussi le jour suivant. Il ne la laissera plus tranquille. Ici débute un cauchemar qui s’intensifiera lentement, mais irrémédiablement.
Judith Hermann raconte avec une langue claire et percutante le mystère des commencements et de l’évolution de l’amour, l’effondrement d’une vie que l’on pensait garantie. D’une main froide, Judith Hermann trace ce protocole d’un Eros destructeur.
La plus grande force de Hermann ne réside pourtant pas dans la psychologie, mais dans son art de faire surgir les personnages par l’écriture. Elle ne nous dit pas comment est Stella, mais nous amène à le découvrir en ce que nous la façonnons. Nous devenons ainsi co-acteurs du roman. Martin Ebel écrit à ce propos dans le Tages-Anzeiger: «L’aventure à proprement parler, comme le savait tout grand auteur, doit se passer dans la langue. Ici, c’est le cas. Un démenti pour tout un chacun qui estime son monde exsangue et terne.»
ALLER LIEBE ANFANG. Roman. S. Fischer Verlag 2014
ALICE. Histoires. S. Fischer Verlag 2009
NICHTS ALS GESPENSTER. Erzählungen. S. Fischer Verlag 2003
Thomas Hettche
Thomas Hettche a grandi dans un village de Hesse, où sa famille était établie depuis des générations comme paysans et artisans. La mère de Hettche est arrivée en Hesse en 1947, suite à l’expulsion des Allemands de Tchécoslovaquie: un thème qu’il aborde dans son recueil d’essais autobiographiques TOTENBERG.
En plus de ces activités d’écrivain, Hettche écrit des articles critiques, notamment pour la FAZ et la NZZ. Co-fondateur du prix Spycher, il est aujourd’hui encore président du jury. Son dernier roman, PFAUENINSEL, se déroule sur l’île éponyme de la Havel ; un lieu étrange et enchanteur, entre Berlin et Potsdam. Il s’agit d’une histoire d’amour entre une naine orpheline, Marie, arrivée sur l’île à l’âge de six ans avec son frère Christian, et Gustave, le neveu du jardinier du château. Gustave a grandi avec Marie, il l’aime depuis toujours et est aimé en retour. Il ne peut pourtant vivre avec elle: son nanisme, ses jambes courbées, ses grosses fesses, son grand front, son nez écrasé, font d’elle de plus une autre, une étrangère venue d’un autre monde. Pas même par l’amour, elle n’est intégrable dans la vie sentimentale de l’homme raisonnable et couronné de succès, pas plus que dans l’époque, de plus en plus raisonnable, des débuts de l’ère de la machine.
Les romans historiques ont leurs défauts. La plupart sont trop bêtes et adaptent l’histoire aux protagonistes du roman. Mais Thomas Hettche est parvenu, avec ses personnages historiques, à transporter son histoire dans notre époque ; il écrit pour nous un roman merveilleux, plein d’atmosphère et riche en détail. Comme il est dit de façon pertinente dans le roman: «Nous disons: le temps s’écoule. Et pourtant, c’est nous qui disparaissons.»
DE QUOI NOUS SOMMES FAIT. Traduction de Armand Beaume, Paris. Grasset 2009
PFAUENINSEL. Kiepenheuer & Witsch 2014
TOTENBERG. Essays, Kiepenheuer & Witsch 2012
DIE LIEBE DER VÄTER. Kiepenheuer & Witsch 2010
Thomas Hürlimann
Thomas Hürlimann est né à Zoug. Il abandonne ses études de philosophie, travaille comme assistant de régie dans un théâtre, puis se lance dans l’écriture de récits, de pièces de théâtre et de scénarios de film. Hürlimann a enseigné au Dartmouth College dans le New Hampshire et à l’Institut de littérature allemande à Leipzig. Il habite à Berlin et en Suisse.
Son œuvre littéraire se penche sur la bourgeoisie suisse du XXe siècle. Selon la FAZ, elle est: «une parabole sur l’adaptation sociale et la résistance individuelle.»
La nouvelle FRÄULEIN STARK et le roman GROSSE KATER ont été perçus comme des romans à clé: Hürlimann a dû prendre position face au débat public. Son oncle, en particulier, s’est senti visé dans sa personne, et celle de sa domestique. Hürlimann dit aujourd’hui à ce propos: «Comme écrivain, il n’y a pas d’autre choix. L’on parle de ce que l’on connaît, c’est aussi la matière de nos rêves. Evidemment, des affaires personnelles sont ainsi publiées, mais il s’agit d’un monde construit. Le roman s’éloigne beaucoup de ce qui a réellement été.»
Typique pour l’écriture de Hürlimann est sa manière, en apparence désinvolte, de construire une tension, son goût pour le ton de la causerie et le clin d’œil complice. Même sur les sujets les plus tristes, il parvient à nous faire sourire. Avec la mort, il a fait ses propres expériences: dans la «Zeit», il aborde la question de son cancer, la «Story de mon éveil», dans un texte agréable à lire, mais non moins juste.
En 2000 et 2007, il écrit le Einsiedler Welttheater d’après Pedro Calderón de la Barca ; l’occasion pour lui de retourner sur les lieux de ses années passées au gymnase catholique de l’abbaye.
MADEMOISELLE STARK. Traduction de Colette Kowalski, Paris. Seuil 2004
NAPOLÉON CHEZ LES WALDSTAETTEN. Traduction de Gilbert Musy, Lausanne. En bas 1996
LA CITÉ SATELLITE. Histoires. Traduction de Gilbert Musy, Lausanne. En bas 1994
L’AMBASSADEUR. Traduction de Gilbert Musy, Lausanne. En bas 1993
LE PAVILLON DU JARDIN. Traduction de Jeanne Étoré, Paris. Gallimard 1992
GRAND-PÈRE ET LE DEMI-FRÈRE. Traduction de Gilbert Musy, Lausanne. En bas 1990
DÄMMERSCHOPPEN. Geschichten aus 30 Jahren. Ammann 2009
DER SPRUNG IN DEN PAPIERKORB. Geschichten, Gedanken und Notizen am Rand. Ammann 2008
VIERZIG ROSEN. Roman. Ammann 2006.
Pierre Imhasly
En 2014, Pierre Imhasly fêtait ses 75 ans. Le grand poète et chanteur du Rhône est né à Viège, il a étudié l’allemand et la littérature française à l’Université de Fribourg et Zurich. Il est ensuite parti pour l’Italie et l’Espagne.
Pierre Imhasly est considéré comme un excellent traducteur des poètes valaisans Maurice Chappaz et Marie Métraillier, ainsi que des auteurs suisses Anne Cuneo, Michel Goeldlin et André Imer. RHÔNE SAGA est l’œuvre centrale de sa production personnelle, sur laquelle il a travaillé plus de dix ans, et qui l’a rendu célèbre. Dans ce caléidoscope à grande échelle, Pierre Imhasly décrit la région du Rhône avec ses habitants, de la source du fleuve dans les montagnes valaisannes, jusqu’à son embouchure en France. Les recherches entreprises pour son livre, et l’amour, l’amèneront jusqu’à Nîmes, où il vit, et travaille encore aujourd’hui, en plus de sa résidence à Viège.
Toute l’œuvre de Pierre Imhasly est habitée par ces deux mondes: la montagne valaisanne et le midi méditerranéen. Sa langue emprunte à chacune des régions les expressions justes. Il en émane des textes qui rappellent des compositions. En Suisse, il n’existe guère un poète aussi enivré par les mots, aussi intransigeant, que l’est Imhasly. Il rattache le Valais à la Méditerranée, comme Ramuz et Maurice Chappaz, suivant le Rhône comme un fluide langagier.
A l’occasion du 75e anniversaire de Pierre Imhasly, Philippe Imwinkelried dira: «De beaucoup d’écrivains, l’on dit qu’ils sont de grands raconteurs d’histoire. De Pierre Imhasly, l’on dit qu’il est un passeur de mots, un titan de la langue, bien chez lui dans la marbrière de la poésie, qu’il ensorcelle le langage comme aucune autre bouche. Je pense que Pierre est, au plus profond de lui-même, un grand narrateur, une pièce d’archive pensante, quelqu’un qui surfe entre les espaces et les langues, les lignes et le texte.»
RHÔNE SAGA. Traduit de l'allemand par Madeleine Brun-Journiac, Genève. Slatkine 2001
REQUIEM D’AMOUR. Stroemfeld Verlag 2014
MAITHUNA/MATTERHORN: BERG DER WELT. Liebesakt transzendierend. Stroemfeld Verlag 2005
PARAISO SI. Ein Poem. Stroemfeld Verlag 2000
RHONE SAGA. Stroemfeld Verlag 1996
Meena Kandasamy
Meena Kandasamy, née à Tamil Nadu, est fille de parents universitaires. Docteur ès Lettres, traductrice, elle a aussi fait ses débuts dans un film. Elle vit à Chennai en Inde.
Dans ses écrits, elle s’interroge sur le système indien des castes, le féminisme et l’identité linguistique, s’exposant ainsi à de fortes hostilités. Elle n’hésite pas à aborder les thèmes les plus noirs de la société indienne. Dans ses poèmes, elle thématise la violence sexuelle, l’absence de liberté des femmes, les conséquences encore aujourd’hui considérables du système de castes.
Elle édite une revue intitulée «The Dalit» (Les intouchables). Elle-même est issue de la caste des intouchables. Meena Kandasamy écrit ses premiers vers à 17 ans. Depuis, elle a publié deux recueils de poèmes traduits en plusieurs langues.
L’écriture de Meena Kandasamy est explicite et dure, mais aussi sensible et pleine d’humour ironique, ou comme le formule Claudia Kramatschek sur la SWR 2: «Elle écrit contre les thèmes tabous de la société indienne avec une langue magnifiquement incisive, et beaucoup de laconisme.»
Le recueil de poèmes bilingue paru l’année passée en allemand, FRÄULEIN MILITANZ, est une compilation de MS MILITANCY (2010) et TOUCH (2006). Raphaël Urweider, qui a traduit les textes en allemand, est bien parvenu à rendre la voix douce et puissante de Meena Kandasamy.
L’année passée est paru le premier roman de Meena Kandasamy, THE GYPSY GODDESS, qui a été accueilli très positivement par la critique. Une publication en allemand est en projet.
FRÄULEIN MILITANZ. (Engl. Ms Militancy) Gedichte aus MS MILITANCY und TOUCH. Herausgegeben von Joachim Sartorius, Hans Thill, Ernest Wichner. Aus dem Englischen von Raphael Urweider. Wunderhorn 2014
Veröffentlichungen auf Englisch:
THE GYPSY GODDESS. Novel. Atlantic Books 2014
TOUCH. Poems. Peacock Books 2006
Thomas Kapielski
Thomas Kapielski, diplômé de géographie et de philosophie, est issu de la scène dilettante berlinoise. Il a organisé des soirées de diapositives et pratiqué la photographie. Aucun besoin pour lui d’inventer des protagonistes: sa propre personne et son entourage lui suffisent. AQUA BOTULUS (1992), avec ses magnifiques photographies de «l’auto-décoration allemande» (parterre de fleurs dans pneus de voiture, annexes de balcon, images d’échoppes de pain, les plus beaux éclairages au néon), ou SOZIALMANIERISMUS (2001) sont aussi des manuels. Dans GOTTESBEWEISE I–XII, il est question de «la piété du miracle quotidien» (gain au Lotto, miracle des nichons, sauvetage des attaques de moustiques finlandais). Kapielski «ethnographise» sa propre personne et le monde, là où ce dernier se laisse aller: dans les jardinets.
Aujourd’hui est paru son nouveau livre: JE DICKENS, DESTOJEWSKI! Kapielsky y invente un nouveau genre, le «roman volume». En effet, du volume, il y en a, comme on le connaît de Dostoïevski: 455 pages. A la fin, s’y ajoutent deux pages de présentation de la «Mannschaft». Comme Kapielsky nous le dit dans le prologue de son roman: «une forme qui a fait ses preuves avec les volumineux romans russes.»
Son roman contient bien quelque chose de l’ordre d’une trame suivie ; l’amour et la mort en forment le cœur. Mais pas franchement passionnante, une bidouillerie, uniquement là pour se rapprocher de manière embryonnaire et partielle des routines du roman. Il faut bien que les interventions du protagoniste fassent effet, et qu’elles déconstruisent joliment le roman, comme dans le bon vieux temps. Et il faut surtout donner une place privilégiée aux discussions des piliers de bars sur dieu et le monde, une place au soleil: les commentaires sur l’actualité, les débats philosophico-théologiques, les jeux de mots, les aphorismes, les plaisanteries grincheuses et peu orthodoxes.
JE DICKENS, DESTOJEWSKI! Roman. Suhrkamp Verlag 2014
NEUE SEZESSIONISTISCHE HEIZKÖRPERVERKLEIDUNGEN. Suhrkamp Verlag 2012
SÄMTLICHE GOTTESBEWEISE. Zweitausendeins 2009
Anne-Marie Kenessey
Anne-Marie Kenessey est née à Zurich où elle vit et travaille encore aujourd’hui. Depuis 2009, ses poèmes paraissent dans des revues littéraires (notamment «Sprache im technischen Zeitalter», «wespennest», «allmende»), sur le portail internet «Poetenladen», ainsi que dans deux anthologies. En 2012, elle publie son premier livre: IM FOSSIL VERSTECKT SICH DAS SEEPFERD VOR DIR.
Anne-Marie Kenessey nous convainc par des poèmes créatifs, une langue ludique aux expressions parfois expérimentales, un large spectre d’expressions lyriques, qui se développent vers une forme artistique aboutie.
Elle se rattache à une tradition poétique qui prend ses racines dans des courants avant-gardistes tels que le dadaïsme, se poursuit dans l’œuvre de Schwitters, puis celle de Ernst Jandl et Oskar Pastior. Anne-Marie Kenessey est aussi impressionnante dans ses lectures, en particulier dans sa manière de mettre en valeur la matérialité phonique de ses poèmes. Les vers de son premier recueil sont concentrés, mûrs, denses. L’on pourrait les décrire comme proches de la nature, étroitement rattachés à des processus végétatifs. Ses poèmes parlent souvent d’événements se passant sur l’eau, ou ayant affaire avec l’eau. Des plantes, des arbres, des animaux (papillons, insectes, oiseaux) sont décrits avec une grande sensibilité pour le détail.
Mais la jeune poétesse s’intéresse aussi aux relations sociales, à l’expérience de l’inconnu, à tout ce qui sort du quotidien. Ses poèmes s’entremêlent de courtes impressions de voyages, d’expériences récoltées lors d’escapades en Europe. L’usage des langues joue également un rôle important dans la vie et le travail de Anne-Marie Kenessey: en plus de l’allemand, nous remarquons les empreintes du hongrois, de l’espagnol et de l’anglais.
IM FOSSIL VERSTECKT SICH DAS SEEPFERD VOR DIR. Poèmes. Edition-Isele Verlag 2012
Urs Mannhart
Urs Mannhart est né dans le Rohrbach bernois. Il a travaillé comme coursier à vélo, veilleur de nuit, journaliste, et appartient, avec Christoph Simon et Lorenz Langenegger, aux membres du groupe littéraire «die Autören». Le Bilgerverlag a publié son premier roman, LUCHS, en 2004, puis, en 2005, DIE ANOMALIE DES GEOMAGNETISCHEN FELDES SÜDÖSTLICH VON DOMODOSSOLA.
Urs Mannhart a écrit des reportages sur la Hongrie, la Serbie, le Kosovo, la Roumanie, la Russie, la Biélorussie et l’Ukraine. En 2013 est enfin paru son troisième roman: BERGSTEIGEN IM FLACHLAND. Un grand roman sur l’Europe. En raison d’une accusation de plagiat, la maison d’édition Secession s’est vue dans l’obligation, sur ordre du tribunal de commerce de Zurich, de suspendre la distribution du livre. Toute lecture publique de l’ouvrage a été interdite à Urs Mannhart et le livre a été retiré du commerce.
Le requérant, Thomas Brunnsteiner, a invoqué 114 pages comme preuve pour un plagiat. Six pages seulement ont été retenues par le jugement, et dans aucune des occurrences, il ne s’agit de la reprise d’une phrase complète. Nous regrettons que ce roman très acclamé, et important, tant du point de vue politique que littéraire, ne soit présentement plus accessible aux lecteurs et lectrices. Mais nous ne doutons pourtant pas que cette décision sera abrogée dès la fin de la procédure principale, et que Urs Mannhart pourra être pleinement réhabilité.
A Loèche-les-Bains, Urs Mannhart lira des ouvrages plus anciens et plus récents.
DIE ANOMALIE DES GEOMAGNETISCHEN FELDES SÜDÖSTLICH VON DOMODOSSOLA. Roman. Bilgerverlag 2006
LUCHS. Roman. Bilgerverlag 2004
Julien Maret
Né à La Fully dans le canton du Valais, Julien Maret achève des études de philosophie, étudie ensuite à l’Institut littéraire suisse de Bienne. Il fonde la revue littéraire COMA et travaille avec d’autres revues littéraires.
Dans son roman REGAINE, la narration s’organise autour d’un «je» sans passé, abandonné par un «tu». Julien Maret commence «l’écriture en écrivant»: il suit le «je» dans son «stream of consciousness». Le livre est teinté de réminiscences lointaines d’Alice de Lewis Carroll et de «L’Innommable» de Samuel Beckett, profondément tristes et à mourir de rire.
La NZZ commente: «RENGAINE est littéralement une étude de cas, parfois réflexive, parfois expressive, tantôt introvertie, tantôt extravertie. L’intransigeance avec laquelle Julien Maret mène cette étude lui donne pourtant quelque chose de cartésien: le «je» est abandonné pour se convaincre lui-même.»
REGAINE a trouvé un traducteur à sa hauteur dans la personne de Christophe Roeber.
Julien Maret et Christoph Roeber seront accueillis au Festival de littérature de Loèche-les-Bains pour présenter leur texte. Les lectures et la discussion seront animées par Camille Luscher.
CHRISTOPH ROEBER a étudié les Lettres (français et italien) de 2004 à 2011 dans les Universités de Leipzig, Trente et Rennes. En 2012, il suit le programme Goldschmidt pour jeunes traducteurs littéraires. Depuis, il étudie l’écriture et la traduction dans le programme transdisciplinaire Master of Contemporary Arts Practice de la Haute Ecole des Arts de Berne. Il a été récompensé pour sa traduction de REGAINE (TIRADE), comme pour sa traduction du livre de Julie Mazzieri LE DISCOURS SUR LA TOMBE DE L’IDIOT (GRABREDE AUF EINEN IDIOTEN).
En collaboration avec le CTL – Centre de Traduction Littéraire de l’Université de Lausanne.
AMEUBLEMENT. Roman. José corti 2014
RENGAINE. Roman. José corti 2011
Shahin Najafi
Né à Bandar Anzali en Iran, Shahin Najafi achève des études de sociologie, puis il est actif en Iran comme musicien et poète. Dans ses chansons, il dénonce les problèmes sociaux et les tabous de l’Iran. Il soutient aussi les initiatives en faveur des droits de l’homme.
Très tôt, il découvre sa passion pour la musique et donne de petits concerts en Iran. En 2004, il est menacé de trois ans de peine de prison et 100 coups de fouet à cause de l’un de ses poèmes. Sur ce, il quitte son pays natal pour s’installer en Allemagne. Le 8 mai 2012, le grand ayatollah Lotfollah Safi Golpaygani prononce une fatwa contre le musicien. Un jour après la mise ligne sur Internet de sa chanson rap NAGHI, sa tête est mise à prix pour une somme de 100 000 dollars. Dans cette chanson, il prie le dixième imam chiite Naghi de se préoccuper des injustices sociales et des dysfonctionnements politiques de l’Iran. Najafi trouve refuge chez Günther Wallraff et disparaît quelques mois. Depuis l’année passée, Njafi est de retour sur scène. Il vit dans l’anonymat en Allemagne.
Le livre WENN GOTT SCHLÄFT réunit un choix de poèmes et de paroles de chanson de Shahin Najafi, ainsi qu’une série de textes autobiographiques sur sa jeunesse en Iran et ses perceptions politiques. Il s’agit de la première traduction en allemand de son œuvre. Ce recueil permet de mieux comprendre le chemin parcouru par Najafi, du récitateur du Coran au rappeur critique du régime ; il expose ses conflits avec la religion et décrit sa vie d’exilé en Allemagne. La préface du député Vert, expert de l’Iran, Omid Nouripour complète l’ouvrage par une perspective approfondie sur la société iranienne contemporaine. Un témoignage important d’un courageux combat politique pour la liberté et la justice.
WENN GOTT SCHLÄFT. Mein Leben, mein Land, der Iran, meine Songs und Gedichte. Kiepenheuer & Witsch 2013
Katja Oskamp
Née en 1970 à Leipzig, Katja Oskamp suit des études de dramaturgie, puis travaille au Volkstheater de Rostock. Elle est diplômée de l'Institut littéraire de Leipzig et vit aujourd'hui à Berlin.
Son premier roman DIE STAUBFÄGERIN (La Chasseuse de poussière) a rencontré un grand succès auprès de la critique, comme son précédent recueil de nouvelles HALBSCHWIMMER. La FAZ commente: «L’achèvement artistique de son écriture, qui n’a de la réminiscence insouciante que l’apparence, se dessine encore mieux dans la composition subtile de la trame de son roman.»
Dans HELLERSDORFER PERLE, Katia Oskamp explore, bien avant «Fifty Shades of Grey», les fantasmes sadomasochistes de son personnage. Un jour, la narratrice rompt avec sa vie berlinoise bien conformiste, fait ses bagages, et se pose les questions de Katia Oskamp: «Que se passerait-il si l’on tournait simplement le dos au quotidien? Si l’on suivait ses envies les plus folles?»
La «Frankfurter Rundschau» écrit à propos de HELLERSDORFER PERLE: «Sadomaso la nuit, maman le jour, cela passerait pour un roman à quatre sous. Mais chez Katia Oskamp, la débauche et l’interdit gagnent du terrain goutte à goutte, ils sont progressivement domptés, se détachent avec netteté de la vie de l’amie que l’on prend comme objet d’étude ; et l’on se demande pourquoi la narratrice se met pareillement à nu. [...] Longtemps dramaturge elle-même, Katia Oskamp valorise et perçoit la théâtralité, la métamorphose est comme le point culminant d’une intrigue. HELLERSDORFER PERLE est un récit percutant et brut sur le plaisir et le dérapage, le pouvoir, le mépris et l’idéalisation. Bref: un roman sur les banalités étranges de la passion.»
Au Festival de Littérature, Katia Oskamp présentera de nouveaux textes.
HELLERSDORFER PERLE. Roman. Eichborn 2010
DIE STAUBFÄNGERIN. Roman. Ammann 2007
HALBSCHWIMMER. Histoires. Ammann 2003 und Berlin Verlag Taschenbuch 2005
Rosa Pock
Rosa Pock est née à Wagna en Styrie. Elle a étudié la philosophie à Salzburg, était mariée à H.C. Artmann, décédé en 2000. Aujourd’hui, elle vit à Vienne.
Comment peut-on écrire sur les difficultés de la vie, tout en trouvant le ton juste, celui que nous donne nos propres expériences avec la langue et la réalité? Rosa Pock a trouvé une voie pour relativiser, non seulement la grammaire, mais aussi nos représentations de la hiérarchie de l’univers. Tout est simultanément triste et drôle, simple et complexe, conventionnel et étonnant.
Elle est une passeuse de frontières littéraires. Dans son dernier livre WIR SIND IDIOTEN, elle ne respecte pas les règles usuelles de la narration, s’écarte de la «belle langue» qui doit générer une «belle une littérature», n’a pas recours au décor et aux techniques productrices d’«atmosphère». Les trois récits de WIR SIND IDIOTEN sont des descriptions sommaires de trajectoires de vie réduites à l’essentiel, qui cristallisent les hauts et les bas de biographies banales, les revers du destin. Et quand est-ce qu’il n’y aurait pas de crise? Convoitise, amour et argent, et évidemment infidélité et souffrance, et aussi crash bancaire: un monologue sur les destins quotidiens, qui en devient burlesque de par sa véracité, où tout est raccourci, condensé et poétique sans fards. Une voix sur l’amour en période de crise.
Helga Pankratz écrit: «Il s’agit du monologue d’une femme sur ses sentiments pour l’être aimé, qui se développe dans une écriture narrative très poétique, complexe et distanciée ; les états d’âme des relations sont enfouis dans de subtiles observations de la société capitaliste, en bref les conditions-cadres qui déterminent sans pitié chaque relation.»
EIN GEDICHT. Edition Tannhäuser 2015
WIR SIND IDIOTEN. Drei Geschichten. Droschl 2012
EINE KLEINE FAMILIE. Tagebuch eines Schulmädchens. Droschl 2004
Werner Ryser
Werner Ryser vit à Bale. Il a travaillé pour des organisations à but non lucratif, aujourd’hui il est rédacteur en chef de la revue «Akzent Magazin».
Avec TOTENTANZ IM WALLIS, il écrit une épopée à la force narrative archaïque, sur l’histoire du canton du Valais et de la Suisse. Au XVIe siècle, le Valais était le théâtre de la lutte des pouvoirs en Europe. Le roman déploie un panorama inhabituel de cette époque de terreur et d’horreur. A cette fresque historique s’entremêle encore un tout autre récit: celui du destin des petites gens du Haut-Valais. Un drame à couper le souffle sur l’histoire suisse, ses coutumes de la Renaissance ; une épopée sur les intrigues, le pouvoir, l’amour et la survie.
Werner Ryser décrit les lieux avec beaucoup d’empathie: le village de Munster par exemple, ou les paysages profondément enneigés en hiver, brûlés par le soleil en été, qui exercent un effet de fascination sur le lecteur. Ryser trace avec une force pleine de vie le portrait des gens les plus simples, avec tous leurs besoins et leurs dons. Le lecteur les suit dans leur destinée pleine d’horreurs et de peines, dans leurs rares moments de joie.
Roman Bucheli argumente dans la NZZ: «Ryser montre ici les hommes du Moyen Age finissant au seuil d’une nouvelle conception d’eux-mêmes et, en parallèle, une confédération sur les chemins difficiles et tortueux de la quête de son identité. Que cette époque du développement de la détermination de soi ait aussi été une époque de bagarres et de coups de canon mène impitoyablement le roman vers un portrait sauvage de ce temps de rupture. Le roman fait pourtant appel à nos sentiments d’une manière suffisamment subtile et dosée pour que nous restions en haleine. Un signe pour l’art précis et virtuose avec lequel Ryser joue la partition du roman historique.»
WALLISER TOTENTANZ. Roman. Nagel & Kimche 2015
Joachim Sartorius
Joachim Sartorius est poète, essayiste et éditeur des œuvres complètes de Malcolm Lowry et de William Carlos Williams. Il est aussi traducteur, entre autres, de John Ashbery, Wallace Stevens. Récemment, il a publié l’ATLAS DER NEUEN POESIE. Après deux décennies de service diplomatique à New York, Istanbul, Prague et Chypre, il était secrétaire général du Goethe Institut et a dirigé les Festspiele de Berlin de 2001 à 2011.
On ne peut guère imaginer de plus puissant passeur pour la poésie. Les voyages d’un continent à l’autre, entre les époques et les cultures; les rencontres, les lectures marquent son œuvre et lui permettent de démontrer que la poésie n’est pas qu’une affaire européenne. En plus de son activité de poète, Joachim Sartorius se plaît à faire le récit de ses séjours, tout particulièrement dans les régions méditerranéennes.
Sa nouvelle anthologie, HANDBUCH DER POLITISCHEN POESIE, n’agence pas les textes selon des principes esthétiques ou formels, mais suivant le principe historique des catastrophes et des ruptures du XXe siècle: du génocide arménien à la guerre du Vietnam, du siège de Sarajevo à l’utopie des Verts. Sartorius y présente plus de 100 poètes et poétesses originaires de 50 pays. Il dit de son livre: «Il n’existe pas d’appropriation de l’histoire par des poèmes. Mais les poèmes commentent les époques, ils montrent l’horreur, ils accusent ou invoquent, ils peuvent être une «école pour la bonté, l’expiation, le remord, le pardon». Ils montrent surtout la confiance de leur créateur dans les mots, qui agissent à long terme sur la conscience, et modèlent finalement la réalité plus profondément que des livres d’histoire, ou des décisions politiques.»
HÔTEL DES ÉTRANGERS. Traduction de Vincent Joel, Paris. Belin 2014
DES OMBRES SOUS LES VAGUES. Traduction de Joël Vincent et Françoise David-Schauman. Édition Gregès 2005
NIEMALS EINE ATEMPAUSE. Handbuch der politischen Poesie im 20. Jahrhundert. Kiepenheuer & Witsch. 2014
MEINE ZYPERN. Mare Verlag 2013
DIE PRINZENINSELN. Mare Verlag 2009
Armin Senser
Armin Senser est né à Bienne. Après avoir travaillé quelque temps comme architecte, il a étudié la philosophie, l’allemand et la linguistique à l’Université de Berne. Depuis 1998, il est établi comme écrivain à Berlin. A côté de son travail comme poète, Armin Senser est aussi traducteur, dramaturge et essayiste.
Ses poèmes analysent le présent avec un rythme martelant et des rimes sèches. Senser pose sur ce millénaire débutant un regard plein d’ironie incisive.
Ses créations lyriques sont encensées par la critique ; la NZZ écrit: «le poète le plus passionnant de nos temps». Dans la ZEIT nous lisons: «les poèmes de Senser sont des protocoles aiguisés et pertinents de voyages métaphasiques et de rencontres».
Après trois recueils récompensés, Senser se lance, avec SHAKESPARE, dans la narration de la vie du Barde. Comme l’écrit la FAZ: «Son Shakespeare est un homme qui, à la fin d’une vie mouvementée, par un jour de novembre pluvieux, se livre à un procès autocritique avec sa fille: ««Je me suis davantage préoccupé des chimères de mon cerveau que des êtres réels». Le débat se concentre donc sur des choses finales, des grandes questions. Senser choisit pour cela la magnifique forme, bien trop rarement utilisée, du roman versifié. Les avantages de cette forme paraissent pourtant évidents: du roman, elle s’autorise la licence de la narration d’un monde multicolore, habité par ses protagonistes, des vers, la possibilité de la concision et de la distanciation par rapport au récit, jusqu’au-delà des contraintes de la réalité.»
Au Festival de Littérature de Loèche-les-Bains, Senser lira aussi des poèmes jusqu’ici inédits.
SHAKESPEARE. Roman in Versen. Hanser 2011
KALTE KRIEGE. Poèmes. Hanser 2007
JAHRHUNDERT DER RUHE. Poèmes. Hanser 2003
Peter Stamm
Peter Stamm est l’un des auteurs les plus couronnés de succès de la littérature contemporaine suisse. Depuis 1990, il travaille comme écrivain et journaliste indépendant. A côté de son travail comme journaliste, il a commencé à écrire des pièces de théâtre et des pièces radiophoniques pour la SRF, Radio Bremen, la WDR et la Südwest Rundfunk. Avec son premier roman AGNES, il avait fait, en 1998, une entrée remarquée sur la scène littéraire.
L’ensemble de ses récits, dont certains jusqu’ici inédits, sont aujourd’hui publiés dans le volume DER LAUF DER DINGE. Cette édition de l’intégrale de son œuvre, qui regroupe en un seul volume les quatre recueils de récits précédents, est une occasion pour comprendre le développement de Peter Stamm comme écrivain.
Il écrit de manière retenue et avec une grande de précision. Avec peu de mots, il atteint des mondes ; des phrases claires et des images émouvantes déploient des instants de très grande intensité ; il en émerge des instantanés de bonheur ou un désir de changement. Ses personnages vivent des déceptions et des miracles. Les lecteurs de ses récits comprennent plus: sur l’amour, les hommes, la vie. Et pourtant, ce n’est pas le contenu qui occupe, dans son œuvre, la place centrale, mais la manière dont quelque chose est raconté. Pour cette raison, il ne choisit pas des contenus originaux qui auraient pour effet de détourner l’attention de la qualité du texte.
Il y a trois ans, Peter Stamm expliquait dans une interview pour la NRD: «Mon but est atteint lorsque les lecteurs ne se rendent pas compte qu’ils tiennent un livre à la main, qu’ils font une espèce de rêve éveillé. Quand cela fonctionnent, apparaît alors l’impression d’une lecture facile». Dans la plupart de ses récits, il a atteint ce but de très près: «ainsi, le poète des ténèbres et des impondérables, narrateur de relations amoureuses déviantes, devient ainsi l’interprète des zones d’ombre des sensibilités de nos jours.» (Beatrice von Matt).
Cette année, Peter Stamm sera l’invité du colloque de traduction.
AU-DELÀ DU LAC. Traduction de Nicole Roethel, Paris. Christian Bourgeois 2012
SEPT ANS. Traduction de Nicole Roethel, Paris. Christian Bourgeois 2010
COMME UN CUIVRE QUI RÉSONNE. Traduction de Nicole Roethel, Paris. Christian Bourgois 2008
UN JOUR COMME CELUI-CI. Traduction de Nicole Roethel, Paris. Christian Bourgois 2007
D'ÉTRANGES JARDINS. Traduction de Nicole Roethel, Paris. Christian Bourgois 2004
PAYSAGES ALÉATOIRES. Traduction de Nicole Roethe, Paris. Christian Bourgeois 2004
VERGLAS. Traduction de Nicole Roethel, Paris. Christian Bourgois 2001
AGNÈS. Traduction de Nicole Roethel, Paris. Christian Bourgois 2000
DER LAUF DER DINGE. Gesammelte Erzählungen. S. Fischer Verlag 2014
DIE VERTREIBUNG AUS DEM PARADIES. Bamberger Vorlesungen und verstreute Texte. S. Fischer Verlag 2014
NACHT IST DER TAG. Roman. S. Fischer Verlag 2013
Heinrich Steinfest
L’Autrichien Heinrich Steinfest est né en Australie, mais il a grandi à Vienne. Jusqu’à la fin des années 90, il y a vécu comme artiste indépendant. Aujourd’hui, il vit avant tout à Stuttgart, comme peintre et écrivain.
Guère un autre écrivain de roman policier de langue allemande n’a sollicité des critiques plus élogieuses et plus expansives en Allemagne. Cet écrivain prolixe, qui a inventé le détective Cheng, a été récompensé à plusieurs reprises par le prix allemand du roman policier. Grâce à sa maîtrise virtuose de la langue, Heinrich Steinfest est passé maître dans l’art de franchir les frontières des genres, faisant fi de la distinction conventionnelle entre littérature facile et bonne littérature.
Dans son nouveau roman, DAS GRÜNE ROLLO, il se passe des choses étranges dans la chambre à coucher de Theo: tout à coup, ce store vert devant sa fenêtre et, derrière, un monde inconnu. Theo prend son courage à quatre mains et passe de l’autre côté... Heinrich Steinfest, le fabulateur fantastique, est de retour après le très célébré ALLESFORSCHER: avec des trouvailles excentriques, des idées folles et un grand art de la narration. Steinfest écrit avec plaisir, intelligence et enthousiasme. Il fait la fête au grotesque, au mystère du quotidien.
Sur sa manière d’écrire, Steinfest rapporte: «Je débute avec une idée première, un fondement, sans connaître la maison que je bâtirai dessus. L’histoire a toujours une dynamique propre, elle se développe. Il en va de même pour les personnages: il n’est pas rare qu’ils se modifient au fil de l’histoire — même contre ma volonté — et endossent une signification, un rôle, qui ne leur était originalement pas destiné. Au fond, il faudrait dire que, quand quelqu’un peine sur mes trames et leur «complexité», il devrait se retourner vers mes personnages.»
LE MONDOLOGUE. Traduction de Corinna Gepner, Paris. Éditions Carnets Nord 2015
LE ONZIÈME PION. Traduction de Corinna Gepner, Paris. Éditions Carnets Nord 2011
REQUINS D'EAU DOUCE. Traduction de Corinna Gepner, Paris. Éditions Carnets Nord 2010
LE POIL DE LA BÊTE. Traduction de Corinna Gepner, Paris. Éditions Carnets Nord 2013
SALE CABOT. Traduction de Corinna Gepner, Paris. Éditions Phébus coll. «Rayon noir» 2006
Christian Uetz
Christian Uetz est né à Egnach et vit à Zurich. Après avoir achevé son séminaire pédagogique, il a étudié la philosophie, la littérature comparée et le grec ancien.
Le poète philosophe Christian Uetz, connu pour ses lectures-performances légendaires, raconte, dans ES PASSIERTE, l’histoire de Damien, un Don Juan suisse et théologien. Un dialogue d’approche dans le sauna: «Je suis théologien, non patricien.» «Comment faut-il comprendre cela?» «Je me pose des questions. Et je gagne ma vie, occasionnellement, comme enseignant d’espagnol.»
Damien veut tout de la vie. Il veut du sexe, il veut de la reconnaissance, il veut l’humiliation, il veut la liberté absolue. Il veut la mort. Et cette dernière est présente dès le début. Seul le tout est tout. Mais l’homme peut-il tout supporter? En rêve, Damien voit comment son cadavre est tiré du lac de Zurich. Le signe pour une contamination par le HIV suite à un «one-night-stand» quelques jours auparavant, c’est certain. Un mollet enflé et Google semblent l’attester. Douloureusement éraflé par le frottement entre Eros et Thanatos, il entre dans le combat final avec ses hommes de référence, Hegel, Nietzsche et Heidegger: pour, avec et contre Dieu.
Christian Uetz mélange humour et philosophie, écrit avec précision, amuse, irrite, et ne recule devant rien. Ou, comme le formule le «St. Galler Tagblatt»: «Ce poète est un homme de pensées et de sentiments. Cela signifie: pas froid, non, assez chaud». Son troisième roman dépasse réellement les bornes: par la virtuosité de l’écriture, sans honte, avec une très grande intelligence, il mène ses lecteurs jusqu’aux limites de l’être, et même au-delà. Ce qu’il trouve là-bas est excessivement bizarre, et profondément triste, comme la vie. Un tour de force dans les abîmes, les passions, dans le désarroi de nos pulsions.
ES PASSIERTE. Roman. Secession Verlag 2015
SUNDERWARUMBE. Ein Schweizer Requiem. Roman. Secession Verlag 2012
NUR DU, UND NUR ICH: ROMAN IN SIEBEN SCHRITTEN. Secession Verlag 2011
DAS STERNBILD VERSINGT. Poèmes. Suhrkamp Verlag 2004
Steven Uhly
Steven Uhly, né à Cologne, est d’origine allemande et bengali. Il a étudié la littérature et dirigé un institut au Brésil. Il traduit de la poésie et de la prose de l’espagnol, du portugais et de l’anglais. Son troisième roman, GLÜCKSKIND, est devenu un bestseller. Michael Verhoeven l’a adapté pour la ARD.
Son dernier roman, KÖNIGREICH DER DÄMMERUNG, parle d’un thème encore peu abordé: le destin de dix mille juifs qui, en 1945, furent envoyés d’un pays à l’autre comme «displaced persons» et placés dans des campements surveillés où ils devaient être protégés de la plèbe. Dans les premiers mois suivant la guerre, des milliers d’entre eux arpentaient l’Europe, comme des hors-la-loi, recherchés désespérément par les organisations juives qui voulaient, par les villes portuaires, les passer illégalement sur des bateaux jusqu’en Palestine. Pour leur part, les autorités anglaises tentaient d’empêcher cet exode par tous les moyens. La guerre, comme le montrent de nombreux épisodes, continuera pendant des années alors qu’elle était officiellement finie depuis longtemps.
La recherche de vérité de ces errants, dans laquelle se miroite la question de la faute et de l’hérédité, mène de l’horreur de l’extermination jusqu’au courage audacieux d’une nouvelle génération. Ces histoires font de KÖNIGREICH DER DÄMMERUNG un roman historique contemporain sur la force de la vie et des mutations.
Steven Uhly a mené des recherches approfondies pour incorporer dans son roman un chapitre d’histoire ignoré de la plupart d’entre nous. De manière passionnante, avec une incroyable intensité, il entrelace le désir de vivre de ses protagonistes avec la politique mondiale de l’époque. Uhly transporte son lecteur avec subtilité dans son histoire ; il parvient à nous happer au point de ne plus pouvoir lâcher le livre. Un roman contemporain essentiel et magnifique.
KÖNIGREICH DER DÄMMERUNG. Secession Verlag 2014
GLÜCKSKIND. Secession Verlag 2012
ADAMS FUGE. Secession Verlag 2011
Serhij Zhadan
Le détenteur du prix littéraire Jan Michalski 2014, Serhij Zhadan, est né à Starobilsk, dans une région minière de l'est de l'Ukraine. Il a participé aux protestations sur la place centrale de la révolution populaire, le Maïdan. L’un de ses projets actuels: scier la statue de Lénine à Kharkiv avec quelques amis. Cette idée a suscité de profonds désaccords dans la ville russophone, au point que Serhij Zhadan a été gravement blessé par les coups d’activistes pro-russes lors d’une manifestation en 2014.
Serhij Zhadan n’est pas un visionnaire. Son espace littéraire se situe dans l’ici et le maintenant. Il raconte des histoires de sa génération, tout est urbain et sans nostalgie. Dans sa patrie, il est célébré comme un Rimbaud ukrainien, un néo-punk prolétaire. Ses recueils lyriques et ses œuvres en prose abordent la question du désarroi propre aux périodes de bouleversements internes et externes. Avec son premier roman publié en allemand, DEPECHE MODE, il entraîne le lecteur, sur fond de scénario apocalyptique de l’Ukraine de l’Est en 1993, dans un tour de force en compagnie de trois marginaux alcooliques de 19 ans.
Dans son dernier roman, DIE ERFINDUNG DES JAZZ IM DONBASS, un feu d’artifice littéraire métamorphose la zone industrielle de Donbassen en un paysage fantastique, où errent les nomades des steppes, et se perdent les traces de Gloria Adams, un mystérieux anarchiste américain, compositeur de jazz. Une atmosphère Easy Rider aux frontières de l’Europe. Le rêve de liberté prend ici une tout autre forme: celle de la recherche d’une patrie au milieu d’un monde sans frontières.
Le regard subtil de Serhij Zhadan, son talent pour déformer la réalité par le pourvoir de la langue, font de DIE ERFINDUNG DES JAZZ IM DONBASS un livre rare et nécessaire.
DIE ERFINDUNG DES JAZZ IM DONBASS. Roman. Aus dem Ukrainischen von Juri Durkot und Sabine Stöhr. Suhrkamp Verlag 2014
BIG MÄC. Histoires. Aus dem Ukrainischen von Claudia Dathe. Suhrkamp Verlag 2011
HYMNE DER DEMOKRATISCHEN JUGEND. Aus dem Ukrainischen von Juri Durkot und Sabine Stöhr. Suhrkamp Verlag 2009
DEPECHE MODE. Roman. Aus dem Ukrainischen von Juri Durkot und Sabine Stöhr. Suhrkamp Verlag 2007