Auteurs et auteures
Participent à la 26e édition du
Festival International de Littérature
de Loèche-les-Bains:
Lukas Bärfuss Suisse
Emmanuelle Bayamack-Tam France
Jay Bernard Grande Bretagne
Lydia Dimitrow Allemagne
Sasha Filipenko Biélorussie
Rolf Hermann Suisse
Alois Hotschnig Autriche
Hiromi Ito Japon
Pascal Janovjak Suisse
Ariane Koch Suisse
Christian Kracht Suisse
Michael Krüger Allemagne
Marianne Künzle Suisse
Hervé Le Tellier France
Pedro Lenz Suisse
Juliane Liebert Allemagne
Jonas Lüscher Suisse
Tanja Maljartschuk Ukraine/Autriche
Urs Mannhart Suisse
Beatrice von Matt Suisse
Cristina Morales Espagne
Marie NDiaye France
Katharina Pistor Etats-Unis
Teresa Präauer Autriche
Gabriele Riedle Allemagne
Karl Rühmann Suisse
Karl Schlögel Allemagne
Elke Schmitter Allemagne
Samuel Schnydrig Suisse
Adania Shibli Palestine
Peter Stamm Suisse
Aleš Šteger Slovénie
Alexander Sury Suisse
Levin Westermann Suisse
Kathy Zarnegin Suisse
Malheureusement, Athena Farrokhzad a dû
annuler sa participation au Festival
International de Littérature, Loèche-les-Bains.
Lukas Bärfuss
Lukas Bärfuss est né en 1971 et a grandi à Thoune. Il vit aujourd’hui à Zürich. Peu d’autres auteurs suisses ont autant fait parler d’eux au-delà de nos frontières. Lukas Bärfuss s’est fait un nom en tant que penseur critique, brillant orateur et commentateur engagé et incorruptible des réalités politiques et sociales actuelles. En 2019, il est le premier suisse depuis 25 ans à recevoir le Georg-Büchner-Preis, le prix littéraire le plus prestigieux de la sphère germanophone : selon le jury, un hommage est ainsi rendu à ce « narrateur et dramaturge hors pair ».
Parmi ses œuvres, on compte plus de 20 pièces de théâtre. Avec son recueil de nouvelles Malinois (2019), Lukas Bärfuss prouve qu’il est un conteur de premier ordre. Dans une langue à la fois sensible et analytique, il raconte l’histoire de personnes arrachées à leur routine quotidienne et s’interroge ainsi sur la manière dont nous nous rencontrons et sur les modèles à partir desquels nous façonnons nos histoires passionnelles. Die Krone der Schöpfung est le titre de son dernier recueil d’essais, dans lequel il se consacre à différents thèmes politiques et sociétaux. En Suisse, Lukas Bärfuss a été critiqué à de nombreuses reprises pour ses textes politiques. Il déclare à ce sujet dans une interview avec Deutschlandfunk-Kultur : « La Suisse est un petit pays qui a pour devise “mieux vaut s’entendre que se disputer”. [...] Je pense néanmoins que dans une démocratie libérale et une société ouverte, la critique est nécessaire, de même que le débat entre différentes positions. »
Cycle de discussions « Perspectives »
Spycher : Prix littéraire Loèche
Die Krone der Schöpfung. Essays. Wallstein 2020
Malinois. Erzählungen. Wallstein 2019
Krieg und Liebe. Essays. Wallstein 2018
Emmanuelle Bayamack-Tam
L’écrivaine et dramaturge Emmanuelle Bayamack-Tam est née en 1966 à Marseille et vit aujourd’hui à Paris. Elle a écrit jusqu’à présent treize romans et nouvelles – cinq de ses œuvres ont été publiées en allemand – et enseigne dans un gymnase de banlieue à l’est de Paris. Bayamack-Tam est également co-fondatrice du journal d’art et de littérature contemporaine Autres & Pareils et directrice des éditions Contre-Pied.
Comme dans ses précédentes œuvres, Emmanuelle Bayamack-Tam se demande dans son livre récemment paru en allemand et intitulé Les Garçons de l’été ce qui se passe lorsque l’image socialement acceptée se fissure : Thadée et Zachée, deux frères de bonne famille, sont beaux comme des dieux, des étudiants brillants et des surfeurs à la vitalité rayonnante. Ils pensent que l’été de leur vie ne finira jamais – cet été lumineux entre les vagues puissantes, l’écume bouillonnante et la lumière poudrée de la mer. Mais Thadée se retrouve brutalement dépossédé de son existence si prometteuse lorsqu’il est mutilé par un requin. Une jalousie et une envie hargneuse prennent racine en lui. La mort soudaine de Zachée donne le coup de grâce à cette famille qui, déjà ébranlée par le sort de Thadée, dérive à présent lentement mais sûrement vers la folie.
Au monde du surf empreint de corporalité, d’éros et de liberté, Emmanuelle Bayamack-Tam instille le poison de la tension d’un thriller parfaitement composé. Avec une intensité jouissive, elle détruit les mensonges, les conventions sociales, les simagrées – qu’elle met littéralement en pièces avec une joyeuse cruauté.
Les Garçons de l’été. Roman. P.O.L 2017
Arcadie. P.O.L 2018
Je viens. P.O.L 2017
Jay Bernard
Jay Bernard est né en 1988 à Westminster dans le centre de Londres et a grandi à Croydon, dans la périphérie londonienne. Son œuvre regroupe différentes formes d’expression artistique : littérature, illustration, théâtre. Ses films et ses installations audiovisuelles ont été exposés dans des espaces d’art de toute la Grande-Bretagne, du Glasgower Centre for Contemporary Arts en passant par le Tate Britain jusqu’à la galerie londonienne The Serpentine.
En 2020, ses débuts poétiques Surge ont reçu le Young Writer of The Year Award décerné par le Sunday Times et l’Université de Warwick. Le point de départ de Surge est le « New Cross Massacre » : en 1981, un incendie se déclara lors d’une fête d’anniversaire dans le sud-est de Londres et coûta la vie à 13 adolescents noirs. Personne ne fut inculpé dans le cadre de ces décès, qui pour beaucoup étaient le résultat d’un incendie criminel raciste. En réaction à l’inaction des forces de l’ordre, 20’000 personnes protestèrent contre le racisme à Londres. Jay Bernard a travaillé minutieusement sur cette affaire dans les archives. Dans Surge, Jay documente les événements de manière collective, en mêlant à la fois sensibilité, passion et colère.
Son œuvre dépasse les genres, les thèmes et les époques – passé, présent et futur. Mais c’est la politique qui en est le fil rouge, abordant des thématiques telles que l’injustice raciale et la politique noire queer, ainsi que les relations familiales, la surveillance de l’État et tout ce qui se trouve entre les deux.
Remarque : Jay Bernard s’identifie comme non-binaire et utilise en anglais les pronoms « They/them ».
En collaboration avec le Berliner Künstlerprogramm des DAAD
Surge. Poems. Chatto & Windus 2019. Pas encore d’édition en allemand ou en français disponible.
Lydia Dimitrow
Lydia Dimitrow traduit du français et de l’anglais des romans, des textes de théâtre et des poèmes. Elle est la voix allemande entre autres d’Isabelle Flückiger, Valérie Poirier, Joseph Incardona et Pascal Janovjak. Elle est née en 1989 à Berlin, où elle habite encore aujourd’hui. Dimitrow a étudié la littérature générale et comparée, la philologie française et la littérature allemande à la Freie Universität Berlin et à l’Université de Lausanne.
Lydia Dimitrow est aussi autrice : elle publie des textes de théâtre et de prose dans des anthologies et des revues littéraires. Elle anime également des événements et est membre fondatrice de la compagnie de théâtre franco-allemande mikro-kit.
Elle a reçu en 2020 une bourse de travail du Deutscher Übersetzerfond pour la traduction du roman de Pascal Janovjak Le Zoo de Rome.
Lydia Dimitrow présentera à Loèche-les-Bains sa traduction Der Zoo in Rom (« Le Zoo de Rome ») avec Pascal Janovjak.
En collaboration avec le CTL
Sasha Filipenko
Sasha Filipenko, né en 1984 à Minsk, est un auteur biélorusse qui écrit en russe. Après une formation interrompue en musique classique, il étudie la littérature à St. Pétersbourg et travaille en tant que journaliste, scénariste, rédacteur de gags pour une émission satirique et présentateur télé. Il est également passionné de foot et habitait jusqu’en 2020 à St. Pétersbourg. Il a quitté la Russie et séjourne actuellement en alternance dans divers lieux de résidence en Europe occidentale.
Die Jagd (« La Traque ») est le troisième de ses cinq romans qui parait en allemand. Il met en scène un journaliste qui en sait trop, un fils qui trahit son père, un oligarque qui ne connait pas la pitié, un gratte-papier corrompu sans aucun scrupule et des médias qui ruinent les réputations sur commande. Sasha Filipenko raconte l’histoire d’un journaliste idéaliste, Anton Quint, qui s’oppose à un oligarque, lequel donne l’ordre de le tuer.
Dans une interview avec le journal Berliner Zeitung, Filipenko explique clairement les conséquences de ses livres critiquant le régime : « Avant (mon retour en Biélorussie), ma famille et mes amis, qui ont lu dans les journaux que j’étais considéré comme un ennemi du peuple, m’ont mis en garde. Devrais-je revenir à St. Pétersbourg ? La Russie a commencé à expulser les Biélorusses. Je me dis qu’en tant qu’écrivain, je suis maintenant simplement comme un joueur de foot sous contrat dans un autre club européen. »
En 2021, Sasha Filipenko exposait déjà les dangereux développements en Russie au Festival de littérature de Loèche-les-Bains et il poursuivra son compte-rendu cette année.
La Traque. Traduction de Raphaëlle Pache. Éditions des Syrtes 2020
Un fils perdu. Traduction de Philie Arnoux et Paul Lequesne. Éditions Noir Sur Blanc 2022
Croix rouges. Traduction d’Anne-Marie Tatsis-Botton. Éditions des Syrtes 2018
Rolf Hermann
Le valaisan Rolf Hermann vit à Bienne en tant qu’écrivain indépendant. Il écrit du spoken word, de la prose, des poèmes, des pièces radiophoniques et des pièces de théâtre, souvent en dialecte. Des extraits de ses textes ont été traduits en arabe, en anglais, en français, en lituanien, en polonais, en espagnol et en hongrois. Outre de nombreuses lectures individuelles (avec ou sans musique), il se produit dans d’autres projets comme le Combo Trio Chäslädeli. Il rédige aussi régulièrement de courts textes et les enregistre pour l’émission Früh-Stücke sur Radio SRF 2.
En octobre 2021, Rolf Hermann a publié son nouveau recueil de poèmes In der Nahaufnahme verwildern wir. En partant de quatre cycles que Rainer Maria Rilke a écrits en français à la fin de sa vie au Château de Muzot en Valais, Rolf Hermann éclaire avec ses nouveaux poèmes le cœur de notre monde. Avec plaisir et tendresse, conscient de la forme et inimitable dans le ton, il parcourt simultanément plusieurs paysages de manière synchrone, celui de ses souvenirs, celui de son enfance, celui de sa patrie, la vallée profonde, les pentes abruptes, et celui de Rilke l’écrivain, son père d’images, qui influence encore et toujours l’atmosphère de la vallée du Rhône. La rencontre fortuite avec un animal réveille l’espoir d’une fusion entre humain et nature, un écran qui luit, une fenêtre qui surgit – et les lignes se transforment en point d’entrée, en interface entre virtualité et expérience concrète. Une promenade dans un verger disparu depuis longtemps, où même les particules d’air sont devenues inertes sous le poids des années.
Hommage à Pierre Imhasly
In der Nahaufnahme verwildern wir. Gedichte. Der gesunde Menschenversand 2021
Eine Kuh namens Manhattan. edition spoken script 33. Der gesunde Menschenversand 2019
Flüchtiges Zuhause. Erzählungen. Rotpunktverlag 2018
Alois Hotschnig
Alois Hotschnig est né en 1959 à Berg im Drautal dans la région de Kärnten. Il a commencé par étudier la médecine, pour ensuite changer et étudier les langues et littératures allemandes et anglaises à l’Université d’Innsbruck. Aujourd’hui, il vit en tant qu’écrivain indépendant à Innsbruck. Il écrit de la prose narrative, des poèmes ainsi que des pièces théâtrales et radiophoniques. Cela fait bientôt treize ans que son dernier livre a été publié. Aujourd’hui, il présente son nouveau roman intitulé Der Silberfuchs meiner Mutter. Alors que beaucoup de ses œuvres mettent en scène une idylle apparente, ce n’est pas le cas dans ce roman : en s’appuyant sur la biographie de l’acteur Heinz Fitz, Hotschnig raconte du point de vue d’un jeune homme l’histoire de sa vie – enfant dont personne ne veut, né d’une mère qui, pendant la Seconde Guerre mondiale, se retrouve prise entre les fronts irréconciliables de différentes idéologies.
Dans une introspection sans compromis, le fils tente de résoudre le mystère de ses origines et de dévoiler la vérité sur ses parents.
Le ton d’Alois Hotschnig est simple, précis et impitoyable. Le roman est une histoire sur la nécessité de raconter des histoires et sur le fait qu’il n’existe pas d’histoires simples. Cela valait la peine d’attendre le nouveau livre d’Alois Hotschnig, son premier roman depuis Ludwigs Zimmer (2000). Der Silberfuchs meiner Mutter, c’est de la grande prose : un roman et non une biographie, un récit et non un compte rendu, car chez Hotschnig, raconter signifie toujours raconter sans conditions.
Der Silberfuchs meiner Mutter. Roman. Kiepenheuer & Witsch 2021
Im Sitzen läuft es sich besser davon. Erzählungen. Kiepenheuer & Witsch 2009
Ludwigs Zimmer. Roman. Kiepenheuer & Witsch 2000
Hiromi Ito
Hiromi Ito est née en 1955 à Tokyo et compte parmi les plus importantes autrices japonaises contemporaines. Son œuvre rassemble de la poésie, de la prose et des essais et a été récompensée par quelques-uns des prix les plus prestigieux de la littérature japonaise. Dans les années 80, Ito se fit d’abord connaître en tant que poétesse innovante, adoptant des thèmes et des modes d’expression inédits. Elle travaille également comme illustratrice et critique de mangas et enseigne l’écriture littéraire à l’Université Waseda à Tokyo.
Le roman autobiographique Dornauszieher, paru déjà en 2007 au Japon, est le premier livre de l’autrice à paraitre en allemand. Le titre du roman fait référence au dieu protecteur bouddhiste Jizo, qui enlève, tel un tireur d’épines, la douleur corporelle et psychique du croyant. La protagoniste, déchirée entre une vie aux États-Unis et au Japon, entre son mari malade, ses filles et leurs problèmes d’adolescentes et ses parents fragiles, se tourne vers le Bodhisattva en quête de protection. Ce poème romanesque mêle avec art les récits du quotidien aux mythes, aux sutras bouddhistes et aux citations de littérature européenne et de classiques japonais.
Le jury Litprom a élu Dornauszieher à la première place de la Weltempfänger-Bestenliste : « Un roman au croisement des genres, à la fois intelligent et impitoyable, dans lequel le vécu bouddhiste trouve autant sa place qu’un chœur polyphonique de littérature japonaise ».
Dornauszieher. Roman. Aus dem Japanischen von Irmela Hijiya-Kirschnereit. Matthes & Seitz 2021
Pascal Janovjak
Pascal Janovjak est né en 1975 à Bâle d’une mère française et d’un père slovaque. Il a étudié la littérature comparée et l’histoire de l’art à Strasbourg. Il a également enseigné le français à l’Université de Tripoli (Liban). Depuis 2002, il dirige le bureau de l’Alliance Française à Dhaka (Bangladesh) et donne aussi des cours de littérature à Ramallah (Palestine). Il vit aujourd’hui à Rome.
Pascal Janovjak publie de nouvelles et des romans : Le Zoo de Rome est la première œuvre de l’auteur traduite en allemand. Avec comme point de départ le zoo, qui donne son titre au livre, le roman entreprend un voyage dans le temps à travers le XXe siècle : lorsque le zoo, conçu par le plus célèbre marchand d’animaux allemand Carl Hagenbeck, ouvrit ses portes en 1911, il fut pendant de nombreuses années un pôle d’attraction pour des personnages tels que Mussolini, le Shah de Perse, Salman Rushdie ou de brillantes actrices de cinéma. À la veille de son centième anniversaire, le zoo a perdu beaucoup de sa splendeur d’antan. La nouvelle responsable de la communication doit élaborer une stratégie de relations publiques pour le parc animalier lorsqu’elle rencontre un architecte algérien en mission secrète à Rome. Le Zoo de Rome a reçu de nombreuses distinctions, notamment le Prix suisse de littérature.
Pascal Janovjak présentera à Loèche-les-Bains son roman Der Zoo in Rom (« Le Zoo de Rome ») avec la traductrice Lydia Dimitrow.
En collaboration avec le CTL
Der Zoo in Rom. Roman. Aus dem Französischen von Lydia Dimitrow. Lenos 2021
Le Zoo de Rome. Actes Sud 2019
À toi. Récits croisés en collaboration avec Kim Thùy. Liana Levi 2011
L’Invisible. Roman. Buchet-Chastel 2009
Coléoptères. Poèmes en prose. Editions Samizdat 2007
Ariane Koch
Ariane Koch est née en 1988 à Bâle et a étudié entre autres les arts plastiques et l’interdisciplinarité à Bâle et Berne. Elle écrit – aussi en collaboration – des textes de théâtre et de performance, des pièces radiophoniques ainsi que de la prose et a été récompensée par de nombreuses distinctions. Pour son premier roman intitulé Die Aufdrängung, elle a reçu le Prix suisse de littérature (2022) et le aspekte-Literaturpreis (2021), le plus important prix littéraire germanophone récompensant les débuts en littérature.
Une jeune femme est au centre de son premier roman : elle vit sa vie dans une maison trop grande, située dans une ville trop petite, à côté d’une montagne triangulaire. Lorsqu’un invité s’y présente, elle l’accueille sans hésiter chez elle. L’hospitalité, un thème important de la littérature et de la philosophie, se développe au fil de l’histoire dans toute sa complexité. Pour la jeune femme, l’invité est une promesse d’autant de nouveauté que d’étrangeté : il devient rapidement le centre de son intérêt, mais aussi la victime de ses fantasmes de pouvoir inquisitoires. Il finit par échapper aux griffes de cette maîtresse de maison de plus en plus obsessionnelle, qui, à nouveau seule, entreprend un voyage attendu depuis longtemps et devient à son tour une invitée. – Un premier roman éblouissant qui développe une force poétique très particulière grâce à des variations linguistiques et des images singulières aux allures fantastiques et oniriques, sans oublier un comique abyssal.
Lauréate du Prix suisse de littérature 2022 de l’OFC
Colloque de traduction
Die Aufdrängung. Roman. Suhrkamp 2021
Christian Kracht
Né en 1966, Christian Kracht est auteur, scénariste et journaliste. Il a grandi en Suisse, aux États-Unis, au Canada et dans le sud de la France. Après des étapes en Allemagne, en Inde, en Thaïlande, aux États-Unis et au Népal, il vit actuellement à nouveau en Suisse. Ses débuts littéraires furent affiliés à la littérature-pop, ce dont il se distancie constamment. Les livres de Kracht ont été traduits dans plus de 30 langues et son œuvre a été récompensée de nombreuses fois. Ses six romans à ce jour ont tous été adaptés pour le théâtre.
Son dernier roman Eurotrash s’inscrit apparemment dans la continuité de son premier roman Faserland : le narrateur à la première personne, Christian Kracht, se lance dans un road-trip absurde et comique avec sa mère alcoolique souffrant de troubles psychiques. Les deux se font conduire en taxi à travers la Suisse. L’argent joue en quelque sorte un rôle secondaire, car la mère et le fils commencent leur voyage en remplissant un sac avec du cash. Ce sac plein d’argent voyage avec eux, et un autre sac les accompagne toujours, la poche de stomie de la mère.
Christian Kracht raconte avec sarcasme, il parodie habilement et garde toujours de la tendresse pour ses personnages. Dans la motivation du jury du Prix suisse de littérature, le roman est décrit de la manière suivante : « Le roman Eurotrash de Christian Kracht est un essai littéraire sur la frontière flottante entre vie et littérature. Avec un art consommé du divertissement, l’auteur fait converger les fils de sa propre œuvre et nous emmène aux sources de la création littéraire ».
Lauréat du Prix suisse de littérature de l’OFC
Eurotrash. Roman. Kiepenheuer & Witsch 2021
Les morts. Traduction de Corinna Gepner. Éditions Phébus 2018
Imperium. Traduction de Corinna Gepner. Éditions Phébus 2017
Michael Krüger
Michael Krüger est né en 1943 et vit à Munich. Il est l’une des plus importantes et des plus influentes figures éditoriales : pour le quotidien taz, il est même le « dernier éditeur d’Allemagne avec une telle aura ». La littérature est son élixir de vie.
Michael Krüger a été directeur des Carl Hanser Literaturverlage, éditeur de la revue Akzente ainsi que de l’Edition Akzente et membre de plusieurs académies et comités dans les pays germanophones. Parallèlement, il brille comme écrivain subtil : il est l’auteur de plusieurs recueils de poésie, de contes, de nouvelles, de romans et de traductions. Il a reçu de nombreuses distinctions pour son travail d’écrivain.
Dans son nouveau livre intitulé Was in den zwei Wochen nach der Rückkehr aus Paris geschah, tout le monde semble connaître le protagoniste, mais personne ne sait son nom. Et ceux qui ne le connaissent pas encore veulent à tout prix faire sa connaissance. Seul le narrateur, qui a été rejoint par ce monsieur aux mauvaises manières, veut se débarrasser de lui. Il lui a imposé sa présence à l’aéroport de Paris, il loge déjà dans son appartement à Munich et il est assis à son bureau et prépare un film dans son agence artistique. Qui est donc cet hôte étranger qui apparaît soudainement dans la pièce, comme dans un récit de Gogol, et qui bouleverse tout par sa seule présence ?
Se pourrait-il que tant de gens attendent secrètement l’arrivée d’un personnage qui leur fasse perdre le rythme ? La chronique rocambolesque de Michael Krüger sur les événements en cours montre que la sécurité avec laquelle nous menons notre vie sur-rationalisée peut aussi être une fiction.
Was in den zwei Wochen nach der Rückkehr aus Paris geschah. Eine Erzählung. Suhrkamp 2022
Im Wald, im Holzhaus. Gedichte. Suhrkamp 2021
Marianne Künzle
Née en 1973, Marianne Künzle a terminé une formation de libraire et a travaillé à son compte et comme employée dans le commerce du livre, puis dans l’organisation de campagnes pour Greenpeace. Des formations continues en agriculture et une formation en écriture littéraire ont suivi. Aujourd’hui, elle vit en Valais.
Son deuxième roman Da hinauf est l’histoire dramatique de deux femmes dont les chemins se croisent, mais qui ne font jamais connaissance. Lors d’une randonnée en montagne, Annina, une jeune journaliste, découvre un corps libéré par le glacier. D’après les vêtements portés par la défunte, elle a dû rester emprisonnée dans la glace pendant des décennies. La défunte s’appelle Irma et a fait de la randonnée au même endroit dans les années 50. Irma et Annina parcourent le même chemin avec un décalage dans le temps. Mais leur perception et leur approche d’elles-mêmes et du paysage sont foncièrement différentes. Annina est à la recherche d’elle-même et de sa place dans la société, tandis qu’Irma agit intuitivement, elle vit et défend ses idéaux.
La forme du glacier a radicalement changé de l’époque d’Irma à celle d’Annina – dans les années 50, le glacier est un colosse blanc, aujourd’hui, on l’entend goutter et s’effriter. Seuls quelques points de repère n’ont pas changé, comme le décor de montagne, un carrefour ou un bloc de rocher marquant dans le paysage que les deux femmes parcourent.
Le Walliser Bote écrit : « L’autrice oppose à la vision intérieure de ses personnages leur perception différente de l’environnement en mutation, de la nature et en particulier du glacier en train de fondre, qui relie comme un lien glacial les récits des deux femmes ».
Marianne Künzle accompagnera avec Urs Mannhart la randonnée littéraire.
Hommage à Pierre Imhasly
Da hinauf. Roman. Nagel & Kimche 2022
Uns Menschen in den Weg gestreut. Kräuterpfarrer Johann Künzle 1857–1945. Roman. Zytglogge 2017
Hervé Le Tellier
Hervé Le Tellier est né en 1957 à Paris où il vit encore aujourd’hui. Il a publié des romans, des récits, des poèmes et des chroniques. Mathématicien et linguiste de formation, il est membre du légendaire groupe d’auteurs « Oulipo » (de L’Ouvroir de Littérature Potentielle), qui tente avec le plus grand plaisir de faire exploser le système formel et linguistique du récit de fiction. Il s’agit pour les Oulipotes de littérature « potentielle », de repousser les limites du possible et de ne pas se contenter de réalités prétendument assurées.
Avec L’Anomalie, Le Tellier a écrit un livre passionnant et singulier, pour lequel il a reçu le Prix Goncourt en 2020. Entre-temps, le roman s’apprête à devenir, avec un tirage de plus d’un million d’exemplaires, le plus grand succès parmi toutes les œuvres récompensées par ce prix, dépassant même L’Amant de Marguerite Duras. Ce roman est un brillant mélange de thriller, de comédie et de grande littérature : en mars 2021, un Boeing 787 traverse un cyclone électromagnétique. Les turbulences sont violentes, mais l’atterrissage se passe bien. Toutefois en juin, le même Boeing atterrit une deuxième fois avec les mêmes passagers. Dans l’avion se trouvent l’architecte André et sa compagne Lucie, le tueur à gages Blake, le chanteur afro-pop nigérian Slimboy, l’écrivain français Victor Miesel et une actrice américaine. Tous mènent une double vie. Et maintenant, ils existent réellement à double – ils sont confrontés à eux-mêmes, dans l’anomalie d’un monde devenu fou.
L’Anomalie. Roman. Éditions Gallimard 2020
Toutes les familles heureuses. Récit. Éditions Jean-Claude Lattès 2017
Assez parlé d’amour. Roman. Éditions Jean-Claude Lattès 2009
Pedro Lenz
Pedro Lenz est né en 1965 et vit en tant qu’écrivain indépendant et chroniqueur à Olten. Il est membre de la troupe spoken word « Bern ist überall » et a déjà sorti un grand nombre de livres et de CDs. Son roman à succès Der Goalie bin ig a reçu plusieurs prix, a été joué en tant que pièce de théâtre, a servi de modèle au film du même nom et a été traduit dans dix langues jusqu’à présent.
Le nouveau livre de Pedro Lenz intitulé Primitivo nous emmène à l’été 1982 : Primitivo Pérez, maçon et travailleur immigré espagnol, est tué sur un chantier par un élément de coffrage. « Il y a eu un accident, un grave accident », raconte le contremaître Hofer. Puis : « Il n’a pas survécu ».
Charly, apprenti maçon et narrateur à la première personne du roman, est profondément affecté. Primitivo n’était pas seulement son collègue de travail, mais aussi et surtout un ami proche et une personne de référence importante. Durant la centaine de pages qui séparent la mort de Primitivo de son enterrement, nous écoutons les récits de Charly sur cette amitié hors du commun. Un travail de deuil serein et réfléchi.
Pedro Lenz dit lui-même à propos de son roman : « Je suis dérangé par les clichés représentant l’ouvrier comme un perdant qui se retrouve sur le chantier ou à l’usine parce qu’il ne sait rien faire d’autre. J’ai voulu m’y opposer et montrer que pour construire un bâtiment, il faut beaucoup de gens talentueux. Au bout de la chaîne, il y a peut-être quand même un manœuvre ou un alcoolique. Mais je voulais mettre l’accent sur ceux qui, avec une certaine fierté professionnelle, voient plus loin que le bout de leur nez. J’en ai rencontré beaucoup sur le chantier ».
Primitivo. Roman. Cosmos 2020
Der Liebgott isch ke Gränzwächter. 44 Mundartkolumnen. Cosmos 2018
Di schöni Fanny. Roman. Cosmos 2016
(En français : La belle Fanny. Traduction d’Ursula Gaillard. Éditions d’en bas 2019)
Juliane Liebert
Juliane Liebert est née en 1989 à Halle-sur-Salle, a étudié à la Universität der Künste Berlin et travaille comme autrice indépendante et journaliste, notamment pour les journaux Süddeutsche Zeitung, Die Zeit et le Spiegel. Elle écrit de la prose et de la poésie et vit à Berlin.
Son premier recueil de poèmes lieder an das grosse nichts marque un début fulgurant. Juliane Liebert a un son bien à elle et reste toujours attentive aux imperfections humaines.
Au seuil de sommeil, en route à travers la grande ville, nous rencontrons Nikolai Gogol et Marianne Faithfull, des dandys en chaussettes et des fêtardes, des personnes en détresse et des laissés-pour-compte, « face contre terre », « sur broadway à l’arrêt de bus », « pour dix, quinze minutes vraiment ». Ils sont « tellement fatigués de jouer, même les couteaux en ont assez de piquer ». Car qu’est-ce que le cœur sinon « un organe creux et musclé » – les pieuvres en ont trois, nous les humains : « une soudaine peur des trains ».
Avec un sens du rythme infaillible et une oreille tendue en direction de la piste de danse, Juliane Liebert écoute dans ses poèmes scintillants « les choses solitaires, les choses bruyantes, les choses légères » et écrit des vers d’une telle délicatesse que même les rappeurs sont consolés. Car même si la terre « tourne de plus en plus lentement » et que les chutes du Niagara « sont arrêtées le soir » – « le matin, on les remet en marche ».
« Liebert possède un son, une métaphorique dorée, un livre comme le concert d’un girls band ... à plusieurs voix. Pas même la mort est passée sous silence, Liebert devient insolente dans son style et part à la découverte d’un nouveau territoire. C’est le son de ce qu’on espère être la nouvelle génération », résume Uwe Kraus pour la revue Wochenblatt.
lieder an das grosse nichts. Gedichte. Suhrkamp 2021
Hurensöhne! Über die Schönheit und Notwendigkeit des Schimpfens. starfruit publications 2020
Jonas Lüscher
Jonas Lüscher, né en 1976, a grandi à Berne, où il a terminé une formation d’enseignant. Ensuite, il a passé quelques années en tant que dramaturge pour l’industrie du film munichoise, avant d’étudier à la Hochschule für Philosophie de Munich.
Lüscher compte parmi les plus importants auteurs contemporains de la sphère germanophone. Pour son premier livre brillant et comique intitulé Frühling der Barbaren, il a été nominé en 2013 pour le Prix du livre allemand et suisse et a reçu plusieurs distinctions littéraires. Son deuxième roman, Kraft (2017), a également suscité l’enthousiasme de la critique et du public et a été récompensé par le Prix suisse du livre.
La force du récit ne nous aide pas seulement à vivre une vie que nous considérons comme la nôtre – il s’agit aussi d’utiliser cette force sur le plan politique. Dans son écriture, Lüscher allie engagement politique et éléments fictionnels. Il ne se contente pas de plonger ses lectrices et lecteurs dans un récit, mais les invite, dans l’esprit de la littérature engagée, à la réflexion. Dans son dernier livre intitulé Der populistische Planet. Berichte aus einer Welt in Aufruhr et en collaboration avec le philosophe Michael Zichy, Jonas Lüscher a rassemblé un groupe d’intellectuels : ces épistolières et épistoliers vivant sur différents continents et dans des systèmes sociaux, religieux et politiques distincts sont à la recherche des points communs, mais aussi des différences entre les nombreuses manifestations du populisme. De ces conversations épistolaires universelles entre Budapest, Le Caire, Brasilia, Nairobi, Moscou, Salzbourg et Zurich est né un livre ayant pour thème une planète infectée par le populisme.
Cycle de discussions « Perspectives »
Der populistische Planet. Berichte aus einer Welt in Aufruhr. Herausgegeben von Jonas Lüscher und Michael Zichy. C.H. Beck 2021
Ins Erzählen flüchten. Poetikvorlesung. C.H. Beck 2020
Monsieur Kraft ou La théorie du pire. Traduction de Tatjana Marwinski. Autrement 2017
Tanja Maljartschuk
Tanja Maljartschuk est née en 1983 et a grandi en Ukraine, où elle a travaillé en tant que journaliste et publié déjà un grand nombre de livres. Depuis onze ans, elle vit et travaille à Vienne, mais l’Ukraine demeure omniprésente dans ses romans et ses récits. Elle rédige régulièrement des chroniques pour la Deutsche Welle (Ukraine) et pour Zeit Online. En 2018, elle reçoit le Prix Bachmann pour son premier texte écrit en allemand.
Elle a déjà été invitée plusieurs fois à Loèche-les-Bains et a également écrit un article dans le livre de randonnée Einen schweren Schuh hatte ich gewählt : elle nous y avait raconté l’histoire extraordinaire du poète et traducteur ukrainien Vassyl Stus, qui a passé la majeure partie de sa vie dans un goulag soviétique.
Dans son roman Blauwal der Erinnerung, elle écrit sur un héros populaire ukrainien tombé dans l’oubli, dont la vie est liée à celle de la narratrice : en quête d’appartenance, la narratrice suit cet homme fier pour braver le déracinement soviétique par la mémoire. Un roman impressionnant sur le plan littéraire et en même temps d’une grande actualité, qui montre ce que cela implique lorsque sa propre identité est faite de peur, d’obéissance et d’oubli.
Tanja Maljartschuk est une voix importante de notre époque : depuis l’Euromaïdan et l’annexion de la Crimée par la Russie en 2014, elle prend position, explique, transmet et se fait entendre dans de nombreux forums et discussions, avec un regard éveillé et beaucoup d’empathie, mais aussi une connaissance approfondie des évolutions ukrainiennes des dernières décennies.
Cycle de discussions « Perspectives »
Blauwal der Erinnerung. Roman. Aus dem Ukrainischen von Maria Weissenböck. Kiepenheuer & Witsch 2019
Überflutet. Aus dem Ukrainischen von Harald Fleischmann. Edition Thanhäuser 2016
Biografie eines zufälligen Wunders. Aus dem Ukrainischen von Anna Kauk. Residenz Verlag 2013
Urs Mannhart
Urs Mannhart, né en 1975, a beaucoup de facettes : il a été coursier à vélo, gardien de nuit dans un centre d’asile et étancheur. Depuis 2018, il est agriculteur bio diplômé et travaille actuellement dans une ferme écologique près de La Chaux-de-Fonds. En tant que voyageur et reporter, Mannhart privilégie le journalisme littéraire. Avec le photographe Beat Schweizer et pour la revue Reportagen, Mannhart réalise depuis plus de dix ans des reportages élaborés, le plus souvent en Russie et dans les pays des Balkans.
En 2004, il a publié son premier roman Luchs qui illustre les conflits entre la protection des animaux et l’agriculture en prenant l’exemple de la réintroduction du lynx. Le champ de tension entre d’une part, les intérêts liés aux différentes matières premières et à la nature de la Terre, et d’autre part les ressources disponibles, traverse l’œuvre de Mannhart.
Dans son dernier roman Gschwind oder Das mutmasslich zweckfreie Zirpen der Grillen, il thématise le commerce international, et aussi suisse, de matières premières ainsi que la surexploitation de la nature et de la psyché humaine. Dans des scènes dramatiques, voire souvent grotesques, Mannhart décrit la vie d’un homme consumériste dont l’ascension sociale est la seule priorité. Le roman se demande combien de temps nous survivrons encore à notre système économique et s’inscrit malheureusement parfaitement dans notre époque, où l’exagération reste souvent le seul moyen d’apporter un quelconque changement aux conditions de vie graves et menaçantes dans notre monde. Ou pour reprendre les mots de Gschwind oder Das mutmasslich zweckfreie Zirpen der Grillen : « Celui qui s’intéresse aux secousses qui se manifestent dans les Alpes après des travaux de construction est toujours frappé par la nette ressemblance entre ces chaînes de montagnes et un corps humain après une séance d’acupuncture ».
Urs Mannhart accompagnera avec Marianne Künzle la randonnée littéraire.
Gschwind oder Das mutmasslich zweckfreie Zirpen der Grillen. Roman. Secession 2021
Bergsteigen im Flachland. Roman. Secession 2014
Cristina Morales
L’autrice espagnole Cristina Morales, née en 1985 à Grenade, compte parmi les autrices les plus talentueuses de sa génération. Elle a étudié le droit et les sciences politiques avec comme point fort les relations internationales et a écrit un grand nombre de romans et nouvelles. Morales est également danseuse et chorégraphe dans la compagnie de danse contemporaine Iniciativa Sexual Femenina et membre du groupe punk At-Asko ainsi que du collectif d’artistes BachiniBachini. Elle vit à Barcelone. Elle a été récompensée à de nombreuses reprises pour son œuvre – elle est entre autres la plus jeune autrice à avoir gagné en 2019 le Premio Nacional de Narrativa du ministère espagnol de la culture. Ses textes critiquent sévèrement les structures sociales et politiques et tentent toujours de donner une voix aux exclus et aux victimes de discrimination.
Son roman Leichte Sprache (« Lecture facile ») est le premier roman de l’autrice traduit en langue allemande. Morales y raconte l’histoire de quatre femmes qui, diagnostiquées en situation de handicap mental, vivent dans un appartement protégé dans un quartier populaire de Barcelone. Nati, Marga, Àngels et Patri tentent de se libérer de la tutelle des institutions publiques et juridiques et de mener une vie autonome en rejoignant des groupes de danse intégratifs et en évoluant dans le milieu des squatteurs de Barcelone. Le roman a été salué par El País comme « un jalon de la littérature romanesque espagnole contemporaine ».
Lecture facile. Traduction de Margot Nguyen Béraud. Denoël 2021
Marie NDiaye
Marie NDiaye est née en 1967 à Pithiviers (France). Elle a grandi dans une banlieue du sud de Paris, où sa mère française a emménagé après avoir divorcé de son père sénégalais. NDiaye est considérée comme « l’enfant miracle de la littérature française » : son premier roman parait alors qu’elle est âgée de 17 ans. L’œuvre aussi fulgurante qu’artistique lui succédant est intitulée Comédie classique (1987) et se compose d’une seule phrase qui s’étend sur une centaine de pages. Depuis, sa langue s’est progressivement simplifiée, sans pour autant perdre son sens raffiné de l’observation la plus minutieuse et son ton caractéristique, évocateur d’une menace sous-jacente. Au cœur de ses romans, on retrouve souvent des secrets non élucidés et des personnages marginaux qui, malgré leurs forces insuffisantes et leur sentiment d’infériorité et de dépassement, font tout leur possible pour être reconnus par la société.
Dans son dernier roman intitulé La vengeance m’appartient, une avocate est chargée de défendre une mère accusée d’avoir tué ses trois enfants. L’avocate est persuadée d’avoir rencontré le père des enfants plusieurs années auparavant dans une situation étrange. Qu’est-ce qui relève ici de la vérité ou du mensonge ? Et est-il possible de vivre sans certitude ? Ce roman sur une femme dans une situation extrême a été l’événement littéraire de l’année en France : un jeu raffiné et abyssal avec nos attentes et nos peurs.
« Marie NDiaye a écrit un roman social impitoyable, critique et bouleversant, qui explore les abîmes de la psyché bourgeoise. Un véritable événement littéraire », résume Gerhard Klas pour WDR 3.
Spycher : Prix littéraire Loèche
La vengeance m’appartient. Gallimard 2021
La Cheffe. Roman d’une cuisinière. Gallimard 2016
Ladivine. Gallimard 2013
Katharina Pistor
Née en 1963 à Fribourg-en-Brisgau, Katharina Pistor est une juriste allemande. Elle enseigne à l’Université de Colombia à New York. Ses recherches et son enseignement portent sur le droit des sociétés, la gouvernance d’entreprise, la monnaie et la finance, les droits de propriété ainsi que le droit comparé et les institutions juridiques. Elle a reçu de nombreux prix pour ses travaux.
Il n’y a pas d’État global ni de droit global, mais un capitalisme global. Comment cela est-il possible ? Dans son livre Der Code des Kapitals, Katharina Pistor décrit le pouvoir des droits de propriété. La thèse principale de ce livre énonce que les formulations souvent ouvertes des lois étatiques permettent à de riches entreprises et à des consortiums de faire passer, avec l’aide d’avocats chevronnés, leurs droits de propriété en droit privé et ainsi de les sécuriser. Une constitution libérale a ainsi permis que les positions économiques et juridiques soient de plus en plus définies en faveur des grands capitaux. Pistor résume : « Les systèmes juridiques pourraient bien sûr être conçus différemment, ils pourraient protéger d’autres intérêts. C’est une décision politique. La question est de savoir comment une société laisse son système juridique se développer, dans quelle mesure le législateur le façonne activement et à quel point le droit est ouvert aux évolutions futures ».
Project Syndicate note : « Dans ce qui est peut-être l’un des ouvrages de non-fiction les plus importants de la décennie, Katharina Pistor fait la lumière sur la manière dont les systèmes juridiques forgent les contours de l’action économique et de la propriété dans le capitalisme mondial actuel ».
Cycle de discussions « Perspectives »
Der Code des Kapitals. Wie das Recht Reichtum und Ungleichheit schafft. Aus dem Amerikanischen von Frank Lachmann. Suhrkamp 2020
Titre original en anglais : The Code of Capital. How the Law Creates Wealth and Inequality. Princeton University Press 2019
Teresa Präauer
Teresa Präauer est autrice et artiste plasticienne. Elle est née en 1979 à Linz et a étudié la germanistique et la peinture à Salzbourg, à Berlin, et après son doctorat, à Vienne, où elle vit encore aujourd’hui.
Dans ses travaux, la littérature et les arts visuels sont souvent étroitement liés : sa première publication, Taubenbriefe von Stummen an anderer Vögel Küken mêle dessins et miniatures poétiques. De plus, outre le contenu de ses romans et de ses essais, l’autrice conçoit également les couvertures de ses livres. Dans sa chronique Präauer streamt publiée dans la revue littéraire Volltext, elle s’intéresse régulièrement au langage et à l’esthétique d’internet et de la télé-réalité. Ce printemps, Präauer a publié son dernier livre qui est consacré à un personnage n’ayant jusqu’alors pas reçu beaucoup d’attention dans son travail : la jeune fille. À travers des souvenirs personnels et des réflexions littéraires, Mädchen raconte l’enfance et la compétition, les bandes de filles et les jeux de garçons ainsi que l’appartenance et la séparation, les difficultés et le bonheur de grandir. Katja Gasser s’est montrée enthousiaste sur ORF : « L’autobiographie et l’essai, l’invention et la découverte sont délicatement et sauvagement entremêlés, afin que des moments de bonheur et de prise de conscience puissent naître chez le/la lecteur/trice ».
Point fort critique littéraire : Live-Podcast
Mädchen. Wallstein 2022
Oh Schimmi. Roman. Wallstein 2016
Für den Herrscher aus Übersee. Roman. Wallstein 2012
Taubenbriefe von Stummen an anderer Vögel Küken. Edition Krill 2009
Gabriele Riedle
Gabriele Riedle est née en 1985 à Stuttgart et vit aujourd’hui à Berlin. Elle a publié des reportages maintes fois récompensés sur tous les continents, mais elle s’intéresse surtout aux zones de crise et de conflit entre l’Afghanistan et la Libye et entre le Darfour et la Tchétchénie. Elle fut également entre autres rédactrice culturelle pour les journaux taz et Woche et rédactrice et reportrice pour GEO. En 2017, elle gagna de nombreux prix pour son dossier Die heimliche Revolution. Frauen in Saudi-Arabien. En 2018, elle a été professeure invitée à l’Université de Virginie à Charlottesville (USA) et a enseigné l’histoire des reportages de guerre.
Dans son nouveau livre In Dschungeln. In Wüsten. Im Krieg, Gabriele Riedle donne la parole à une femme dans un genre majoritairement masculin. Cette aventure romanesque universelle est d’une grande actualité : Riedle y aborde non seulement les mécanismes qui ont conduit aux falsifications du reporter du Spiegel Claas Relotius, mais aussi l’incertitude de l’Occident après le retrait d’Afghanistan sur lequel se termine le roman.
C’est par la radio que la narratrice de Gabriele Riedle a appris la mort violente du célèbre photographe de guerre britannique Tim H. en Libye. Peu de temps auparavant, elle avait voyagé avec lui en tant que reportrice au Libéria, un pays en pleine guerre civile. C’est l’occasion pour elle de parler de lui, de sa vie et de sa mort, mais aussi de ses propres expériences aux quatre coins du monde, en Afghanistan et dans la jungle de Papouasie-Nouvelle-Guinée, au cœur de la Mongolie, dans le Caucase et les hauteurs de l’Himalaya, ainsi que d’évoquer le voyage au Libéria.
In Dschungeln. In Wüsten. Im Krieg. Eine Art Abenteuerroman. Die Andere Bibliothek 2022
Überflüssige Menschen. Die Andere Bibliothek 2012
Karl Rühmann
Karl Rühmann, né en 1959, a grandi en Yougoslavie et aux États-Unis. Il a étudié les langues et littératures allemandes et hispaniques ainsi que la littérature générale à Zagreb et à Münster. Il a aussi été enseignant de langues et lecteur dans une maison d’édition. Il vit aujourd’hui à Zürich en tant que traducteur littéraire et auteur de romans, de pièces radiophoniques et de nombreux livres pour enfant de renommée internationale. En 2020, son roman Der Held a été nominé pour le Prix suisse du livre.
Son nouveau roman Die Wahrheit, vielleicht nous fait entrer dans la vie de Felipe ten Holt. Le protagoniste a toujours vécu dans des mondes très différents : il est le fils d’une mère espagnole et d’un père néerlandais, la cible de la jalousie de son beau-père, qui se met entre sa mère et lui et le spécialiste des interrogatoires, qui cherche la vérité dans un dédale de mots, de gestes, de tromperies et de révélations. Après quelques revers professionnels et privés, Felipe espère trouver la paix intérieure en travaillant comme interprète indépendant. Dans ce métier, il est certes – espère-t-il – responsable de la communication, mais pas de ses conséquences. Mais cela s’avère être une illusion. Felipe cherche des liens, des connexions entre les gens, les choses, les pensées, les problèmes. Sa quête est révélatrice d’une époque où on se sent isolé même lorsqu’on est connecté et où on perd constamment le sens de l’orientation, en dépit de toutes les applis de localisation.
Karl Rühmann montre avec beaucoup de finesse que communiquer, c’est plus que parler, et il montre aussi combien cela peut être difficile pour les personnes qui ne sont pas « à l’aise » dans le mode de communication dominant – interprète ou pas.
Die Wahrheit, vielleicht. Roman. rüffer & rub 2022
Der Held. Roman. rüffer & rub 2020
Glasmurmeln, ziegelrot. Roman. rüffer & rub 2018
Karl Schlögel
L’historien et journaliste Karl Schlögel, né en 1948, a étudié l’histoire de l’Europe de l’Est, la philosophie, la sociologie et les langues et littératures slaves à la Freie Universität Berlin. Il a obtenu son doctorat en soutenant une thèse sur les conflits ouvriers dans l’Union soviétique poststalinienne. Il travaille en tant que traducteur et écrivain indépendant, a effectué de nombreux séjours aux États-Unis et en Europe de l’Est et des séjours de recherche à Moscou et à Leningrad. En 1990, il a été nommé à la chaire d’histoire de l’Europe de l’Est de l’Universität Konstanz, puis il a enseigné d’octobre 1994 à mars 2013 à la Europa-Universität Viadrina à Francfort (Oder). Il vit à Berlin.
Les points forts de Schlögel sont la culture de la modernité en Europe de l’Est, en particulier en Russie, l’histoire du « stalinisme en tant que civilisation », l’histoire de la migration forcée et des cultures de la diaspora au XXe siècle, l’histoire des villes et l’urbanité en Europe de l’Est et les problèmes théoriques d’une historiographie ouverte dans l’espace.
Ses histoires, Karl Schlögel les raconte le long de lieux et de paysages. Tout ce qu’il décrit, il l’a lui-même déjà vu plusieurs fois, afin de « se faire sa propre idée ». Cette manière de travailler et de raconter, ces sondages en profondeur dans les sédiments historiques de l’Europe centrale et orientale, constituent les bases du style très particulier et unique de Schlögel : il est l’homme de lettres parmi les historiens germanophones. Ou comme le formule Die Zeit : « Parmi les historiens allemands actuels de l’Europe de l’Est, Karl Schlögel fait figure d’exception. Il a une puissance de parole et d’écriture comme peu de ses pairs ».
Cycle de discussions « Perspectives »
Der Duft der Imperien. «Chanel No°5» und «Rotes Moskau». Hanser 2020
Das sowjetische Jahrhundert. Archäologie einer untergegangenen Welt. C.H. Beck 2017
Entscheidung in Kiew. Ukrainische Lektionen. Hanser 2015
Elke Schmitter
Elke Schmitter, née en 1961 à Krefeld, a étudié la philosophie à Munich et travaillé comme lectrice, journaliste, critique indépendante et essayiste. Depuis 2001, elle est membre de la rédaction culturelle du Spiegel. Elle a publié des poèmes, des romans et un recueil d’essais sur Heinrich Heine. Ses œuvres ont été traduites dans 21 langues. De son côté, elle traduit de temps en temps de la poésie de l’anglais vers l’allemand.
Dans son dernier roman Inneres Wetter, nous suivons les préparatifs et le voyage de trois frères et sœurs qui vont faire une visite surprise à leur père veuf à l’occasion de son 77e anniversaire. Dans les semaines précédant la fête, il y a quelques tensions et incertitudes dans la vie des frères et sœurs, comme s’ils devaient soudainement rendre des comptes à une instance supérieure.
Qu’est-ce qui unit les familles ? A quoi se mesure une vie réussie ? Dans son nouveau roman, Elke Schmitter raconte une réunion de famille sur un fond vacillant. Schmitter nous fait découvrir ses personnages à travers des descriptions précises ainsi que des dialogues vivants et les place souvent aussi dans des situations qui semblent presque comiques. L’histoire de ces frères et sœurs qui ne sont plus unis par les parents et par le climat familial imposé par ces derniers est intelligemment conçue et enrichie par de nombreuses références littéraires.
Le quotidien taz résume : « Ce roman n’est pas seulement un portrait familial, mais aussi un diagnostic de l’époque : une exploration prudente du réseau souterrain de la République fédérale, dans lequel les personnages évoluent et se déploient ».
Cycle de discussions « Perspectives »
Inneres Wetter. Roman. C.H. Beck 2021
Veras Tochter. Roman. Berlin Verlag 2006
Madame Sartoris. Traduction de Anne Weber. Actes Sud 2002
Samuel Schnydrig
Né en 1982, Samuel Schnydrig est guitariste et chanteur dans le groupe Grannysmith jusqu’en 2010 et joue ensuite dans la formation indie Them Fleurs. Parallèlement, il se produit en tant qu’homme-orchestre sous le nom de Suma, organise des concerts et a récemment été le commissaire de l’exposition « Holz la redu » du défunt sculpteur sur bois Willy Thaler. Samuel Schnydrig vit à Brigue.
Sa première œuvre littéraire est intitulée Klaus – Leben vor dem Steinschlag. Ce roman musical suit l’évolution de la vie de Klaus, de son adolescence dans les années 90 dans une petite ville tranquille et idyllique au cœur des montagnes suisses jusqu’à sa trentaine aujourd’hui : Schnydrig retrace comment Klaus découvre la musique et l’ivresse, fonde son premier groupe, tombe éperdument amoureux, quitte son bar habituel pour le vaste monde, est frappé par des changements dramatiques et comment il retrouve malgré tout d’une certaine manière le bonheur. Klaus est accompagné dans son périple par des personnages dépeints avec amour, comme Marcel, le propriétaire bizarre du bar, Viktor, le vieux philosophe, Aiko, l’individualiste sûre d’elle, ou encore Basters, son ami d’enfance, qui ne cesse de trop en demander, à Klaus comme à lui-même. Le roman décrit dix-sept années de vie trépidante en dix-sept chapitres, avec des illustrations de l’artiste zurichoise Paula Troxler, qui associe élégamment ses dessins subtils en noir et blanc à des citations de chansons marquantes pour Klaus. « Ce livre a réchauffé mon âme », écrit Esther Pfammatter-Hutter dans le Walliser Bote. « Derrière cette histoire, qui semble si sauvage et si folle, se cache une profonde sensibilité ».
Klaus – Leben vor dem Steinschlag. Roman. Zytglogge 2021
Adania Shibli
Adania Shibli est née en 1974 dans un petit village palestinien, qui se trouve aujourd’hui sur le territoire israélien. Après avoir étudié la communication et le journalisme, elle a obtenu son doctorat à Londres dans le domaine des sciences des médias et de la culture et a été post-doctorante ainsi que EU-ME-Fellow au Wissenschaftskolleg de Berlin. Aujourd’hui, elle vit à Jérusalem et à Berlin. Adania Shibli dit certes ne pas écrire sur la Palestine, ses textes sont toutefois imprégnés de ses expériences dans son pays d’origine. Elle raconte la vie quotidienne dans un pays qui ne cesse de faire l’actualité politique. Les intrigues sont tirées d’événements historiques et Adania Shibli nous montre ce que cela signifie de se confronter à l’histoire de la Palestine, tout en s’adaptant à son présent et en relevant les défis du quotidien. Dans son premier livre paru en allemand intitulé Eine Nebensache (« Un détail mineur »), une jeune femme de Ramallah enquête sur un incident grave : un an après la Nakba, lorsque plus de 700’000 Palestiniens sont forcés à quitter la Palestine à la suite de la création de l’État d’Israël, des soldats israéliens kidnappent une jeune bédouine, la violent, la tuent et enterrent son corps dans le sable. Les histoires de ces deux femmes s’entremêlent dans le récit pour former une méditation percutante sur la guerre, la violence et la question de la justice.
Pankaj Mishra est enthousiaste : « Une œuvre d’art extraordinaire qui ne cesse de surprendre et de captiver : un mélange extrêmement rare d’intelligence morale, de passion politique et de virtuosité formelle ».
Un détail mineur. Traduction de Stéphanie Dujols. Actes Sud 2020
Peter Stamm
Peter Stamm est né en 1963 et a grandi à Weinfelden. Il a fait un apprentissage de commerce et a étudié quelques semestres la langue et la littérature anglaises, l’informatique de gestion, la psychologie et la psychopathologie. De plus, il a travaillé comme journaliste et rédigé des pièces radiophoniques. En 1998 parut son premier roman très remarqué Agnes, qui a depuis été traduit dans 15 langues. Dès lors, son rythme de publication soutenu lui a permis de solidement s’établir dans la littérature germanophone.
Peter Stamm suit une maxime poétologique préconisant de tenir les explications à l’écart du récit et de laisser les images et les dialogues parler d’eux-mêmes. « La perception ou la description de la perception occupent une place importante dans mes livres. Il ne s’agit pas simplement d’écrire les choses telles qu’elles sont, mais plutôt telles que je les perçois. Je pense que c’est ce qui, jusqu’à un certain point, rend un texte vivant, le fait que des impressions sensorielles parviennent au lecteur ».
Dans le roman Das Archiv der Gefühle, un archiviste solitaire qui a perdu son emploi crée des archives très privées de « l’amour » de sa vie. Cela fait quarante ans qu’il ne l’a pas vue. Il s’est de plus en plus retiré de la société et est passé à côté de sa vie. Mais aujourd’hui, Franziska réapparaît. Va-t-il saisir cette seconde chance, au risque de compromettre son existence protégée ?
La langue de Stamm, d’une concision impressionnante, se compose presque exclusivement de phrases principales et de quelques verbes et adjectifs simples. Cette austérité laisse entrevoir les particularités du récit : les références, les modulations de tempo et le jeu avec les attentes des lecteurs.
Das Archiv der Gefühle. Roman. S. Fischer 2021
Wenn es dunkel wird. Erzählungen. S. Fischer 2020
La Douce Indifférence du monde. Traduction de Pierre Deshusses. Christian Bourgois Éditeur 2018
Aleš Šteger
Né en 1973 à Ptuj en Yougoslavie, Aleš Šteger est probablement le poète et écrivain slovène contemporain le plus connu. Il est également lecteur, traducteur de l’allemand et de l’espagnol et journaliste. Il a étudié à Ljubljana, où il travaille et vit encore aujourd’hui. Aleš Šteger a reçu de nombreux prix pour ses poèmes, qui ont été traduits dans de nombreuses langues et publiés dans des magazines littéraires du monde entier. Il est membre de l’Akademie der Künste Berlin et de l’Akademie der Wissenschaften und der Literatur à Mayence.
Une fois par an, Aleš Šteger travaille sur un Logbuch der Gegenwart, dans lequel il décrit pendant douze heures un lieu – au Mexique, en Inde ou à Fukushima.
Dans son nouveau roman Neverend, il décrit des périodes de tension : l’UE est en guerre commerciale avec le reste du monde, il n’y a plus de bananes dans les supermarchés. Les élections approchent en Slovénie et à Ljubljana, les manifestations se heurtent aux contre-manifestations, les partis extrémistes ont le vent en poupe. Au milieu de ce chaos, une jeune écrivaine traverse sa propre crise.
Neverend est un roman hautement poétique qui critique la société et montre ce qui pourrait nous arriver à tous – si ce n’est pas déjà arrivé depuis longtemps. Aleš Šteger met en évidence les effets de l’interdépendance économique de notre époque, car comme la protagoniste de son roman, nous constatons de plus en plus que « telle une bulle de savon, la prétendue liberté personnelle éclate en cours de route. »
Neverend. Roman. Aus dem Slowenischen von Matthias Göritz und Alexandra Natalie Zaleznik. Wallstein 2022
Über dem Himmel unter der Erde. Gedichte. Aus dem Slowenischen von Matthias Göritz. Hanser 2019
Logbuch der Gegenwart. Taumeln. Mit einem Vorwort von Péter Nádas. Aus dem Slowenischen von Matthias Göritz. Haymon 2016
Levin Westermann
Levin Westermann est né en 1980 et a étudié la philosophie et la sociologie à Francfort et de 2009 à 2012 à l’Institut littéraire suisse. Il vit à Bienne.
Il a obtenu le Prix suisse de littérature 2021 avec son recueil de poèmes bezüglich der schatten pour les raisons suivantes : « Dans la composition en quatre parties de Levin Westermann bezüglich der schatten, des réalités opposées s’emboîtent. Les différents protagonistes – nous, un renard, Anne Carson, Roland Barthes et Dieu – se trouvent en terrain postapocalyptique, ce qui ne les empêche pas de garder leur calme et leur humour, car il est de toute façon trop tard. Des sonorités intemporelles font surgir des questions existentielles. Mais le lecteur ignore si le décor qu’il observe est celui d’un lendemain de fête ou celui de l’exil. Dans ce recueil, Levin Westermann mêle les genres avec une grande élégance poétique : il réunit poésie lyrique et théâtre dramatique, homme et animal, réseaux sociaux et mythologie ».
Enfouies dans les textes, les voix que Levin Westermann met à jour dans farbe komma dunkel attendent, couche après couche, pour faire entendre leurs pensées – puis l’auteur leur répond et ajoute sa propre voix au chœur de cette conversation sans fin. Car l’écriture est toujours une réécriture. La littérature est un palimpseste. Et tout est lié, dans le texte comme dans le monde. Aucun être vivant n’existe par lui-même, et aucun texte ne naît du néant.
Dans la NZZ, Michael Braun atteste que « Westermann est un solitaire parmi ses pairs, il travaille avec un grand sérieux sur la poétique d’un existentialisme au ton fataliste ».
Lauréat du Prix suisse de littérature 2021 de l’OFC
farbe komma dunkel. Gedichte. Matthes & Seitz 2021
Ovibos moschatus. Essays. Matthes & Seitz 2020
bezüglich der schatten. Gedichte. Matthes & Seitz 2019
Kathy Zarnegin
Kathy Zarnegin est née en 1964 à Téhéran et a grandi en Iran. Depuis 1979, elle vit à Bâle. À côté de son activité en tant que psychanalyste, elle est poétesse, essayiste, traductrice du perse, philosophe et docteure en littérature. Elle a également cofondé le Lacan Seminar Zürich et a été coorganisatrice du Festival international de poésie de Bâle jusqu’en 2018.
En 2017, Zarnegin a publié son premier roman Chaya, qui raconte l’histoire d’une jeune fille de 14 ans qui doit trouver une nouvelle patrie : c’est un roman à plusieurs voix qui réunit différents types de textes. Ce roman puise dans la propre biographie de Kathy Zarnegin et présente des parallèles significatifs avec sa vie. En 2020, au début de la pandémie, le livre de Zarnegin intitulé Exerzitien des Wartens, un éventail coloré de réflexions, de brefs essais informatifs et d’idées surprenantes, était parfait pour faire passer le temps à la vitesse de l’éclair.
Avec Lost in Hell, l’autrice nous surprend avec 60 poèmes qui couvrent un large spectre sur le plan formel, allant du court poème de lettres à l’introspection en plusieurs parties. Ces poèmes ont tous en commun un humour verbal qui utilise des altérations minimales, ressemblant parfois presque à des fautes d’orthographe. Kathy Zarnegin ne vise pas une compréhension rapide, elle crée des entités lyriques qui ne demandent qu’à être exploitées, ouvertes, soulevées, invitant ainsi au recueillement et au plaisir de la découverte.
Lost in Hell. Gedichte. Bucher 2021
Exerzitien des Wartens. Bucher 2020
Chaya. Roman. Unionsverlag 2019 (Originalausgabe weissbooks 2017)