DE A À Z
Urs Allemann, Suisse
Arno Camenisch, Suisse
Andrea de Carlo, Italie
Rolf Dobelli, Suisse
Alois Hotschnig, Autriche
László Krasznahorkai, Hongrie
Jérôme Lafargue, France
Rolf Lappert, Suisse
Michael Lentz, Allemagne
Pedro Lenz, Suisse
Kristof Magnusson, Allemagne
Milena Moser, Suisse
Bessa Myftiu, Albanie
Deef Pirmasens
lira «Strobo» d’Airen, Allemagne
Christoph Poschenrieder, Allemagne
Angelika Reitzer, Autriche
Judith Schalansky, Allemagne
Christoph Simon, Suisse
Fabio Stassi, Italie
Ornela Vorpsi, Albanie
Alissa Walser, Allemagne
Serhij Zhadan, Ukraine
Otto Zumoberhaus, Suisse
Urs Allemann
Urs Alleman, né en 1948 à Schlieren près de Zurich, a grandi à Bonne et à Berlin. D'abord rédacteur à la revue Theater Heute de 1975 à 1976, il dirige de 1986 à 2005 le feuilleton littéraire de la Basler Zeitung.
«La tradition n'est plus, vive la tradition!» La tradition, Urs Allemann la reflète dans ses poèmes à travers les moyens qu'il met en oeuvre. Il fait partie de ces poètes qui réinvestissent les formes anciennes – utilisant le sonnet classique ou l'élégie à la fois pour s'imposer une discipline et se libérer.
Les poèmes d'Urs Allemann sont de véritables événements acoustiques. Lorsqu'il les lit à haute voix, exaltant la beauté de ses vers, l'auditoire est sous le charme, et il ne saurait en être autrement. Dans ses poèmes, le poète n'a jamais le dernier mot; c'est le mot qui, toujours, l'emporte. «Ich bin / der ich trotzdem nie sein werde.», je suis / celui que je ne serai pourtant jamais.
Depuis 2001, Alleman publie des recueils de poèmes dans lesquels il anime à sa manière les formes traditionnelles de la poésie: en se tenant d'une part strictement aux exigences d'une forme et en la déconstruisant d'autre part, en infusant en elle une violence diffuse et un imaginaire de la destruction, des pulsions qui finissent par se retourner contre la langue elle-même.
En 2001, dans Holder die Polder, il appliquait cette technique à la forme antique, aux «Klopstockschen» et aux odes et élégies de Hölderline, en 2003, dans schœn! schœn!, au sonnet.
Urs Alleman vit à Bettingen près de Bâle et travaille comme écrivain et poète-performer, il produit aussi bien ses propres oeuvres que de celles des autres, parmi lesquels Ilhelm Busch, Robert Gernhardt, Erich Kästner, Christian Morgenstern et Robert Walser.
Holder die Polder. Odes, élégies et autres. Engeler, Basel, Weil am Rhein und Wien. 2001
schœn! schœn!, Poèmes. Engeler, Basel und Weil am Rhein. 2003
Im Kinde schwirren die Ahnen. 52 poèmes avec CD (L'auteur lit ses poèmes). Engeler, Basel und Weil am Rhein. 2008
Arno Camenisch
Arno Camenisch, né en 1978 à Tavanasa dans les Grisons, écrit en allemand et en Sursilvan, un des idiomes réto-romanches.
Il étudie à l'Institut littéraire suisse à Bienne où il réside. Il est l'auteur de proses et de poèmes et écrit par ailleurs pour la presse et la scène. En mai 2009 est paru sa première oeuvre germanophone en prose, Sez Ner. Il y décrit la vie des bergers et fromagers le temps d'un été sur l'Alpe Stavonas au pied du Piz Sezner en Surselva. En une série de petits tableaux prosaïques, Arno Camenisch raconte des histoires de vaches et de cochons, de chiens et de chats, de polenta, de fromage, d'alcool et de tabac. Il met tour à tour en scène le vent, le temps, les hommes et les femmes, les habitants de la plaine et les paysans des vallées grisonnes. Tout n'est pas qu'idylle sur l'alpage, et de loin. Les citoyens venus de la plaine se heurtent à la vie montagnarde dans l'idée fixe de découvrir ou redécouvrir la nature.
Arno Camenisch ne traduit pas ses textes. Il les écrit en allemand et en romanche. Cela leur confère une sonorité particulière, faite de rudesse mélodique, de force et de tendresse fondant harmonieusement en une union subtile et suggestive. L'art descriptif de Camenisch réside en la réunion des deux antagonistes que sont la distance et la proximité: tout est vu de très près et avec une grande précision et pourtant rien n'est exposé et l'essentiel reste subtilement dissimulé dans l'instantané.
Sez Ner. Romanche et allemand, Urs Engeler Editor, Basel 2009
Sez Ner. Romanche, allemand, français, Editions d'en-bas, Lausanne 2010. trad. française de Camille Luscher
Andrea de Carlo
Andrea de Carlo est né à Milan en 1952. Après des séjours en Australie et en Amérique, il vit aujourd’hui à nouveau à Milan et dans sa maison de campagne, près d’Urbino. Il a travaillé entre autres comme photographe, musicien de rock et a été l’assistant de Federico Fellini. En 1981 est paru son premier roman, «Creamtrain». Le succès ne fut pas éphémère: en Italie, Andrea de Carlo est vite devenu un romancier «best-seller». Ses romans sont traduits en 21 langues et se vendent dans le monde entier à plus de cinq millions d’exemplaires. Et le talent d’Andrea de Carlo ne s’arrête pas à l’écriture: en 2002, il fut récompensé en tant que musicien du World Music Awards dans deux catégories: «meilleur artiste classique mondial» et «meilleur artiste italien».
Son œuvre littéraire traite souvent des thèmes et problèmes environnementaux. Son engagement dépasse d’ailleurs l’écriture: Andrea de Carlo a participé activement à la campagne de Greenpeace «Scrittori per le foreste» (Un écrivain pour la forêt tropicale). Dans son roman tout juste sorti en allemand, «Als Durante kam» , la vie tranquille de Pietro, Astrid et Ingrid, des marginaux, bien installés dans les Apennins de l’est, est complètement bouleversée par l'arrivée du charmant Durante, plein de sagesses et de bons conseils. Fuyant la monotonie de la vie, Durante ne se contente pas de chambarder son quotidien mais aussi celui de son prochain et de sa «famille», éparpillée un peu partout
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Les questions de cette histoire sont bien connues des lecteurs d’Andrea de Carlo: pourquoi est-il si difficile d’être heureux? Et quel sentiment est le plus fort, l’amitié ou l’amour?
Als Durante kam. Roman. Diogenes 2010. Traduit de l'italien par Maja Pflug
Das Meer der Wahrheit. Roman. Diogenes 2008. Traduit de l'italien par Maja Pflug
Wenn der Wind dreht. Roman. Diogenes 2007. Traduit de l'italien par Monika Lustig
Traductions françaises:
Océan de vérités. Roman. Grasset & Fasquelle, 2009. Traduit de l’italien par Myriam Tanant.
Week-end à Tournevent. Roman. Flammarion, 2006. Traduit de l’italien par Dominique Vittoz.
Rolf Dobelli
Rolf Dobelli, né en 1966, a travaillé chez Swissair, fondé son entreprise et a vécu à Hongkong, en Australie, en Angleterre et plusieurs années aux Etats-Unis. Il vit et travaille aujourd’hui à Lucerne. Il commence à écrire à trente-cinq ans. «Massimo Marini», paru cette année, est son sixième livre publié aux éditions Diogenes.
C’est ce nouveau roman que Rolf Dobelli présentera à Loèche-les-Bains. À travers cet impressionnant panorama de société, Rolf Dobelli dresse le portrait de la Suisse des cinquante dernières années. Point de départ: la première grande percée du plus long tunnel du monde, le premier tunnel du Gotthard. Rolf Dobelli décrit avec force détails la manière dont étaient traités les premiers immigrés italiens dans les années cinquante ainsi que la situation sociale à l’époque où James Schwarzenbach lançait son initiative xénophobe, dite d’«Überfremdung».
Le Massimo Marini qui donne son titre au roman est transporté tout nourrisson dans une valise. Durant neuf ans, ses parents doivent le cacher, de peur de perdre leur permis de travail. Le père a bossé dur et à force de travail est devenu un prospère chef d’entreprise de construction. Un succès accomplit au nom de son fils Massimo, pour que celui-ci bénéficie un jour d’une vie meilleure. Elle sera en dents de scie, la vie de Massimo, faite de drames et de succès, de tragédies et de félicité. L’enfant d’immigrés italiens devient jeune loup de la bonne société zurichoise, le philosophe existentiel se transforme en chef d’entreprise, passe de gauche à droite, du sud au nord, des profondeurs aux hauteurs. Jusqu’à qu’il rencontre une femme, couronnant son bonheur – avant de le détruire, impitoyablement. Le lecteur découvre un magnifique portrait de notre temps, l’histoire de la vie d’une personnalité vive et chatoyante. «Massimo Marini» est un passionnant roman de société et d’apprentissage.
Massimo Marini. Roman. Diogenes 2010
Turbulenzen. 777 bodenlose Gedanken. Diogenes 2009
Himmelreich. Roman. Diogenes 2008
Alois Hotschnig
Alois Hotschnig, né en 1959 à Kärten, est passé maître dans l’art des récits précis et serrés ; il compte sans aucun doute parmi les meilleurs écrivains de sa génération. D’origine alpine, l’écrivain semble avoir le regard naturellement aiguisé pour les paysages reculés et accidentés de l’âme.
Dans son nouveau recueil de nouvelles, «Im sitzen läuft es sich besser davon», il parvient avec une impressionnante précision lexicale et syntaxique à mettre à jour les absurdités et les apories du quotidien, à saisir l’obsessionnel, éveillant chez son lecteur un bienfaisant sentiment de compassion pour celles et ceux qui ne peuvent et voudraient pourtant tellement faire autrement. Ce couple déjà âgé, par exemple, qui dans la nouvelle «Die großen Mahlzeiten» tente de savoir qui doit prendre quand combien de quels médicaments et de se mettre au clair quant aux conséquences de cette sujétion dans leur quotidien.
Pour l'écriture de ce livre, Hotschnig a entrepris d'importantes recherches. Des mois durant, il s'est assis dans les salles d'attente des cabinets médicaux, épiant les conversations des patients et des patientes. Les personnages des histoires d’Alois Hotschnig sont des marginaux, des inadaptés de la société, qui se racontent leurs maux les uns aux autres et surtout à eux-mêmes. Résidants et résidantes de maisons de retraite, d'hôpitaux psychiatrique, hypocondriaques dans des salles d'attente, ce sont des amochés de l’âme, quotidiennement confrontés à l'échec et qui ne savent que faire de ce début de fin de vie qu’on leur propose.
C'est là que le titre prend tout son sens, résumant l’esprit du livre, le teintant d’espoir. Les personnages sont coincés, bloqués, forcés de rester assis, mais ils n'ont pas pour autant abandonné leurs rêves d’évasion –, car «assis, on s’enfuit plus vite».
Im Sitzen läuft es sich besser davon. Nouvelles. Kiepenheuer & Witsch 2009
Die Kinder beruhigte das nicht. Nouvelles. Kiepenheuer & Witsch 2006Ludwigs Zimmer. Roman. Kiepenheuer & Witsch 2000
Traductions françaises:
Midi, soir et matin. Traduit de l’allemand par Nicole Bary, Buchet-Chastel, 2009.
Les mains de Léonard. Traduit de l’allemand par R. Lipka et M. Dautrey, Éditions Lattès, 1996
László Krasznahorkai
László Krasznahorkai est né en 1954 dans la Gyula hongroise. Il a étudié la philosophie à l’université de Budapest et est considéré aujourd’hui comme l’un des meilleurs écrivains hongrois. Il vit comme écrivain indépendant à Pilisszentlászló, dans les alentours de Budapest.
László Krasznahorkai choisit exprès le décor de ses intrigues parmi les lieux et les régions du monde évoquant chez le lecteur des images et des sentiments forts tout en lui restant étrangers. Son roman au long titre cardinal, «Im Norden ein Berg, im Süden ein See, im Westen Wege, im Osten ein Fluss», prend ainsi place successivement dans un cloître japonais, dans le désert et à New-York.
C’est la deuxième visite de l’écrivain à Loèche-les-Bains, déjà présent au Festival en 2008. Cette année, il est accueilli en tant que lauréat du Spycher: prix littéraire de Loèche, en compagnie d’Alissa Walser.
Extrait de la motivation du jury: «László Krasznahorkai est l’une des voix les plus impressionnantes et les plus originales de la littérature hongroise contemporaine. Le prix Spycher 2010 lui est remis pour l’ensemble de son oeuvre et en particulier pour son roman ‹Im Norden ein Berg, im Süden ein See, im Westen Wege, im Osten ein Fluss›. Au centre de ce livre, dont l’art magique de la description transforme toute lecture en une expérience méditative unique, se trouve un jardin. Un jardin dont le caractère exceptionnel est caractérisé par le fait qu’il ne s’agit, «ni d’une curiosité, ni d’un cirque». On ne saurait mieux exprimer l’ambition du grand conteur qu’est Krasznahorkai – et le plaisir offert par ses livres à ses lecteurs est immense.»
Seiobo auf Erden. Nouvelles. S. Fischer Verlag. 2010. Traduit du hongrois par Heike Flemming.
Satanstango. Roman. Ammann 2007 (paru en hongrois en 1985). Traduit du hongrois par Hans Skirecki.
Im Norden ein Berg, im Süden ein See, im Westen Wege, im Osten ein Fluss. Roman. Ammann 2005. Traduit du hongrois par par Christina Viragh.
Traductions françaises:
La mélancolie de la résistance. Gallimard, 2006. Traduit du hongrois par Joëlle Dufeuilly
Tango de Satan. Gallimard, 2000. Traduit du hongrois par Joëlle Dufeuilly
Jérôme Lafargue
Jérôme Lafargue est né en 1968 dans les Landes. Lorsqu’on le questionne sur son parcours professionnel, il dit avoir été entre autres choses, surfeur, parachutiste et maître nageur. Diplômé en sciences politiques, il est aujourd’hui directeur adjoint de l’Institut français de recherche en Afrique (IFRA) à Nairobi, au Kenya, où il vit. Il est chercheur notamment dans le domaine de processus de démocratisation et des systèmes politiques en Afrique et au Kenya.
Mais le décor de son premier roman, «L’Ami Butler» (Editions Quidam, 2007), n’est pas le Kenya ni l’Afrique, mais une région perdue de province, dans laquelle Johan se voit obliger de se rendre lorsque son frère jumeau Timon disparaît avec sa femme Ilanda, gravement malade.
Timon écrit des biographies d'écrivains imaginaires jusqu'au jour où un homme se présente à lui, affirmant se nommer Owen W. Butler. Or, Butler n'est autre que l'objet de sa première biographie. S'est-il échappé de l'imagination de Timon ou n'est-il que l'instrument d'une manipulation destinée à le perdre? C'est ce que Johan, désemparé, cherchera à savoir...
L’histoire commence comme un roman policier: à la recherche d’un disparu dans une course poursuite avec la police locale, incarnée par le capitaine Reuleville. Mais très vite, le lecteur est entraîné hors de la supposée réalité dans une spirale toujours plus rapide d’insécurité mêlée de fascination. Jérôme Lafargue joue avec les perceptions et sensations à la manière de Paul Auster, lançant sans cesse de fausses pistes à ses lecteurs. Il en résulte un roman à plusieurs niveaux, des extraits du journal et des biographies fictives de Timon se mêlant à la narration de Johan, miroitant et passionnant.
«L’ami Butler» a reçu en France plusieurs prix, parmi lesquels le Prix Initial récompensant un premier roman. En 2009 est paru en France son deuxième roman, «Dans les ombres sylvestres», qui n’a pas encore été traduit en allemand.
Dans les ombres sylvestres. Roman. Quidam, 2009
L'Effacement des potences. Poèmes. Wigwam, 2009
L'Ami Butler. Roman. Quidam, 2007
Paru en allemand à ce jour:
Freund Butler. Roman. Weidle Verlag 2009. Traduit du français par Wieland Grommes
Rolf Lappert
Né en 1958 à Zurich, Rolf Lappert vit aujourd’hui à Listowel, en Irlande. Après une formation de graphiste, il publie plusieurs romans, des nouvelles et des recueils de poèmes avant d’abandonner temporairement l’écriture pour ouvrir un club de jazz avec un ami. De 1996 à 2004, Rolf Lappert travaille comme scénariste pour une série télévisée suisse – «rude tâche», comme il l’a lui-même reconnu dans un interview: il lui était impossible d’écrire «vraiment» à côté de ce travail. Le Prix suisse du livre, dont il fut récompensé en 2008 pour son livre «Nach Hause schwimmen» le fait connaître du grand public. Ce roman, qui a rencontré un grand succès auprès du public et des critiques, raconte l’histoire de Wilbur, de sa peur panique de l’eau et de son désir d’être aussi fort et invulnérable que Bruce Willis, et d’Aimee, qui tente de sortir Wilbur de son engourdissement. Le roman est cette année au centre de l’atelier de traduction du LCB.
Mais ce n'est pas seulement Wilbur et Aimee que Rolf Lappert amène avec lui à Loèche-les-Bains cette année mais aussi Tobey und Megan, les principaux protagonistes de son nouveau roman: «Auf den Inseln des letzten Lichts». Tobey, aspirant musicien de rock à Dublin, recherche sa soeur Megan, qui, après s'être attiré des ennuis par son ardente défense des animaux, a mystérieusement disparu.
Le style littéraire de Rolf Lappert a, avec justesse, souvent été comparé à celui de John Irving. Outre son remarquable don de romancier, l'on peut relever son art pour la composition de ses personnages, des individus farfelus et malmenés par la vie, auxquels le lecteur s’attache facilement et qu’il n’est pas près d’oublier. A Loèche-les-Bains, Rolf Lappert présentera en avant-première ce nouveau roman.
Auf den Inseln des letzten Lichts. Roman. Hanser (à paraître en août 2010)
Nach Hause schwimmen. Roman. Hanser 2008
Die Gesänge der Verlierer. Roman. Hanser 1995
Traductions françaises:
Le Chant des perdants. Age d'Homme, 2001, trad. de l’allemand par Catherine Englert.
Michael Lentz
Michael Lentz, né en 1964 à Düren, vit entre Berlin et Leipzig. Il a publié des romans, des recueils de poèmes et des essais maintes fois loués par le public et la critique. Auteur d'une thèse sur la poésie sonore (publiée en deux volumes aux éditions Selene, Vienne 2000), il a en outre collaboré au festival de musique actuelle de Donauesching (Donaueschinger Musiktagen). Il écrit, de temps en temps, sur le football notamment, lorsqu'il ne donne pas justement un cours à des écrivains prometteurs ou préside la Freie Akademie der Künste de Leipzig. Son incroyable présence scénique aussi bien lors de ses apparitions solo qu'avec sa bande de poésie sonore «Sprechakte Xtreme» contribue à coup sûr à sa célébrité.
Dans son tout nouveau recueil de poèmes, Offene Unruh, Michael Lentz parle d'amour comme si rien n'avait jamais été écrit sur ce thème: il s'y montre à la fois déterminé, subversif, passionné, écorché et séduisant. Il semble qu'il n'y ait que lui pour parler – et écrire – sur l'amour de manière aussi libre, pressante, tendre et ouverte, entre tradition et expérimentation.
La perplexité, voilà une attitude souvent adoptée par l'auteur dans ces poèmes. Lentz questionne, reconsidère et analyse, sans répit. Aucun sentiment, aucune sensation n'est acceptée d'entrée de jeu, au contraire: les musiques d'ambiance sont décomposées, dévoilées. Et Lentz poursuit le sentiment amoureux avec la même intensité lorsque celui-ci semble se ventiler. C'est là que réside l'intérêt de ce recueil; car si l'amour ne se laisse pas aisément saisir, nous dit Lentz à travers ses poèmes, il en va tout autrement de sa langue. La première édition est déjà épuisée, Offene Unruh semble bel et bien en passe de devenir l'un des rares bestseller de poésie.
Offene Unruh. Gedichte, Fischer Verlag Frankfurt am Main 2010.
Pazifik Exil. Roman, Fischer Verlag Frankfurt am Main 2007.
Pedro Lenz
À propos de ses personnages Pedro Lenz déclare: «J'aime profondément les gens, c'est sans aucun doute nécessaire pour travailler comme je le fais. Je pense qu'on peut raconter une histoire intéressante à propos de n'importe qui, et c'est peut-être encore sur les gens connus qu'il y aurait le moins à dire. Lorsque j'étais enfant, je pensais toujours en regardant Derrick qu'en Allemagne tout le monde avait chez lui une BMW, un piano à queue et une piscine. La littérature aussi peut engendrer de tels malentendus. Mes personnages ne sont pas des gens simples. Ce sont des gens, simplement.»
Dans le premier roman de Pedro Lenz Der Goalie bin ig le narrateur considère avec nostalgie un paradis perdu. Le «Goalie», un toxico habitant un village du moyen-pays, raconte en dialecte bernois son quotidien des années quatre-vingt. Son souvenir est troublé par son envie d'enjoliver sa vie passée. Après avoir purgé une peine de prison, il tente de reprendre pied dans le quotidien, trouve un job temporaire, tombe amoureux d'une serveuse avec laquelle il s'en va direction l'Espagne – et pourtant, rien à faire, son passé le rattrape toujours.
Avec ce roman Lenz dresse un portrait touchant du «Goali» et de son petit et trop inconnu monde du milieu de la Suisse. Mais ce sont les petits espaces qui composent le vaste monde et le plus particulier a souvent les valeurs les plus universelles. Dans ce cas, cela ne fait pas de doute, Der Goalie bin ig appartient à la grande littérature.
Le roman est écrit en dialecte suisse-allemand bernois. A Loèche-les-bains, Pedro Lenz sera secondé par Raphael Urweider qui a transposé le roman en allemand standard.
Der Goalie bin ig. Roman en dialecte suisse-allemand de Berne, Edition spoken script IV, Verlag Der gesunde Menschenversand, 2010
Plötzlech hets di am Füdle. Poèmes en dialecte suisse-allemand de Berne, Cosmos Verlag AG, 2008
Kristof Magnusson
Das war ich nicht est le deuxième roman de l'auteur islando-allemand Kristof Magnusson, né en 1976 à Hambourg. Le succès de son premier roman, Zuhause, paru en 2005 (traduction française: Retour à Reykavic, Gaïa, 2009) rendait ce deuxième opus très attendu. Et Magnusson remporte haut la main la périlleuse épreuve du deuxième roman, et impressionne de surcroît par son développement littéraire.
Sur le plan thématique, cet organiste de formation se montre indéniablement à l'écoute de l'actualité: «Das war ich nicht», ce n'était pas moi, telle est sa réponse à la crise financière. Et si la débâcle économique des dernières années est maintenant apaisée son livre n'a rien perdu en substance tant il est fourni en recherches.
Pour les novices, le roman démêle les processus économiques compliqués en les décrivant de manière si passionnante, légère et drôle que les colonnes abstraites de chiffres courant sur les moniteurs, ces boucles éternelles d'achats, de ventes, courbes aux évolutions obscures, adoptent les formes voluptueuses des meilleures sagas de richesse et de pouvoir.
Roman sur les paradigmes du capitalisme et de sa crise, Das war ich nicht digresse au gré des pages sur les illusions déçues, les égarements idéologiques et matériels qui ont conduit au fiasco financier.
Zuhause. Roman. Antje Kunstmann Verlag, München 2005
Das war ich nicht. Roman. Verlag Antje Kunstmann, München 2010
traduction française:
Retour à Reykjavík. Roman traduit de l’allemand par Sébastien Gravier, éditions Gaïa, 2009
Milena Moser
Milena Moser est née en 1963 à Zürich. Après une formation de libraire, elle travaille comme journaliste indépendante pour différents médias. Milena Moser a vécu à San-Francisco durant huit ans, elle vit aujourd’hui en Argovie. L’année passée Milena Moser a créé avec d’autres passionnés une école d’écriture créative.
C’est avec «L’île des femmes de ménage» («Die Putzfraueninsel», 1994) que Milena Moser est devenue célèbre, mais les titres des romans qui ont suivi, ont marqué beaucoup d’esprits par leur originalité. «Schlampenyoga» (2005) («Yoga, meurtres, etc.» en français, trad. de F. Toraille), par exemple, «Stutenbiss» (2007) ou encore «Flowers in your hair» (2008).
Son dernier roman, le 14ème déjà, paru en allemand cette année, porte lui aussi un titre offensif: «Möchtegern», littéralement: «aimeraisbien». A propos de ce livre Milena Moser dit qu’il est sa «Superblondine», sa blonde à elle: «Certains hommes craquent en pleine Midlife-Crisis pour une voiture de sport ou une belle blonde justement, moi je me suis offert ce livre.» Hors contrat, sans maison d’édition sur son dos, Milena Moser a écrit ce livre «en toute liberté», afin de se donner à nouveau la possibilité d’écrire sans contrainte.
Les «Aimeraisbien» de ce roman ce sont les participants et les participantes d’une émission de casting à la télévision. Ceux-ci ne sont cependant destinés ni à devenir des «nouvelles stars» de la chanson, ni des arpenteurs de podiums, pas plus que des compagnons idéals, mais bien La Nouvelle star littéraire suisse. Le personnage principal est la jadis très célèbre Mimosa Mein, dont les similitudes avec l’auteure ne s’arrêtent pas aux initiales. Pourtant «Möchtegern», malgré tous les clins d’oeil à la critique du commerce de l’écriture et à la télé-réalité, n’est pas à lire comme un roman à clef, mais bien plus un distrayant mélange de roman policier et de roman de société avec lequel Milena Moser réussi remarquablement à capter l’esprit du temps, droit au but mais jamais au-dessous de la ceinture.
Möchtegern. Roman. Nagel & Kimche 2010
Flowers in your hair. Wie man in San Francisco glücklich wird. Blessing Verlag 2008
Stutenbiss. Roman. Blessing Verlag 2007
traductions françaises:
Yoga, meurtres, etc. Trad. de l'allemand par Françoise Toraille, Editions calmann-lévy, 2006
C'est pas le pied! Roman, trad. de l'allemand par Françoise Toraille, Calmann-Lévy, 2004
L'île des femmes de ménage. Trad. de l'allemand par Françoise Toraille, Calmann-Lévy, (1994) 1996.
Bessa Myftiu
Bessa Myftiu est née à Tirana en Albanie. Après des études de lettres à l’Université de Tirana, elle travaille comme journaliste et critique littéraire. En 1992, elle déménage à Genève, où elle obtient un poste d'enseignement dans la Faculté des Sciences de l'éducation. Outre différentes publications scientifiques elle publie aussi des traductions de l’albanais, des romans et des recueils de nouvelles et de poèmes en français. Elle envoie ses productions littéraires dans des maisons d’éditions de France et de Suisse romande – toutes seront publiées en France.
Elle-même ne se considère pas comme une auteure albanaise, suisse ou française, mais comme une auteure «écrivant en français». Lorsqu’on lui demande pourquoi elle publie tous ses textes en français, elle répond: «par amour».
Dans son roman, «Confessions de lieux disparus», Bessa Myftiu raconte l’histoire de sa famille et de sa propre enfance et adolescence en Albanie. Elle grandit à Tirana, en étroite relation avec sa famille, ses voisins et ses amies. Bessa Myftiu décrit d’une part les expériences du quotidien et les petites historiettes d’amour de cette enfant au Moi précoce, tandis qu’il est question d’autre part du destin tragique de son père, tombé en disgrâce dans le régime dictatorial d’Enver Hoxa, pour avoir voulu écrire la Vérité. Bessa Myftiu raconte de la perspective de la fillette qu’elle était, avec un impressionnant talent d’observation qui offre au lecteur une vision intime d’un pays marqué par le régime totalitaire et le patriarcat dominant. «Confessions de lieux disparus» est le premier roman de Bessa Myftiu paru en allemand. L’avant-propos de l’écrivaine belge Amélie Nothomb a également été repris dans la version allemande.
Confessions de lieux disparus. Roman. Tour d'Aigue, Edition de l'Aube, 2008.
Le courage, notre destin: récits d'éducation. Editions Ovadia, 2007
A toi, si jamais. Poèmes. Forcalquier, Editions de l'Envol, 2001.
paru en allemand à ce jour:
An verschwundenen Orten. Roman. Limmatverlag, 2010. trad. du français par Katja Meintel
Deef Pirmasens lira Airen,
feat. VJ gently.radical
C’était le scandale littéraire de la saison: en février dernier, la jeune auteure Helene Hegemann avouait avoir dans son premier livre «Axolotl Roadkill», acclamée par les critiques, copié chez d’autres sans citer les sources. L’original dont Hegemann s’est servi, s’intitule «STROBO» et constitue la version imprimée du blog dans lequel un jeune homme, sous le pseudonyme de «Airen», décrit de manière détaillée ses sorties et ses excés, sexuels et toxiques, dans la scène techno berlinoise.
C’est Deef Pirmasens qui a publié en premier sur son blog www.gefuehlskonserve.de plusieurs passages du livre d’Hegemann et leurs correspondances dans «STROBO». Il apparaît alors clairement d’où la jeune auteure, encore mineure lors de la rédaction de son livre, tenait ses profondes connaissances de la scène techno, notamment du réputé mal famé club berlinois, le Berghain.
Les longs débats qui s’en sont suivis, au sujet du droit d’auteur, du plagiat psychique et de la question de l’intertextualité, se sont entre temps apaisés: «STROBO» paraîtra en automne 2010 en version poche chez Ullstein, la maison d’édition de Hegemann.
Mais ce qui frappe favorablement dans «STROBO» c'est son authenticité justement. Avant d'être imprimés et reliés en un livre, les textes du blog ont bien sûr été corrigés et retravaillés. Mais ils n’ont en rien perdu de leur franchise et de leur spontanéité; la langue a conservé son ardeur exaltée. Dans un entretien avec le FAZ, Airen déclarait: «Ce que j’ai écrit, je l'ai vécu – dieu merci, je m’en suis sorti en bonne santé. (...) Le livre a été vécu en pleine ivresse et écrit avec le même vertige.» Parce que Airen aimerait conserver l’anonymat, c’est Deef Pirmasens qui le représentera à Loèche-les-Bains. Ce dernier travaille comme auteur et performer et a souvent présenté «STROBO». La présentation en direct sera accompagnée de musique instrumental et de fragments vidéos du VJ gently.radical (www.gentlyradical.de).
Airen. STROBO. Roman. SuKuLTuR Verlag 2009. Version poche chez Ullstein Verlag (à paraître en octobre 2010)
Christoph Poschenrieder
Christoph Poschenrieder est né en 1964 près de Boston et vit aujourd’hui à Munich. Il a étudié la philosophie à Munich et a fait ses classes dans la renommée école de journalisme de la Columbia University, à New-York. Depuis 1993, il est établi en tant que journaliste indépendant et réalisateur de film documentaire et rédige depuis 2001 des modes d’emploi pour des logiciels d’ordinateur.
«Die Welt ist im Kopf» (Le monde est dans la tête), son premier roman, raconte l’histoire du jeune Arthur Schopenhauer, qui attend impatiemment que sa grande première œuvre paraisse enfin. En attendant il se rend à Venise, avec rien de moins dans la poche qu’une lettre de recommandation de Johann Wolfgang von Goethe en personne. Le but de son voyage est de rencontrer Lord Byron, incontestable popstar du 19ème siècle. Le portrait que Christoph Poschenrieder dresse du jeune Schopenhauer n’a rien à voir avec le cliché de misogyne-misanthrope attribué généralement au philosophe. Dans «Die Welt ist im Kopf» les événements qui le rendront si méfiants envers l’humain sont encore devant le jeune homme. Christoph Poschenrieder résume admirablement le cœur de son roman en ces mots: «Il y est question de célébrité et de reconnaissance et de ce qu’on est prêt à faire et à sacrifier en leurs noms.»
Christoph Poschenrieder écrit en s’amusant et le plaisir qu’il trouve à écrire et à rechercher est palpable dans chacun de ses personnages, dans chacune des phrases de ce roman très fidèle aux faits historiques. C’est que l’auteur connaît bien son sujet: le personnage de Schopenhauer était au centre de son travail de master. Sa formation de journaliste aussi se révèle utile pour l’écriture littéraire, expliquait Poschenrieder dans un entretien, en particulier lorsqu’il s’agit de raccourcir ou de retravailler des portions de texte.
Die Welt ist im Kopf. Roman. Diogenes 2009
Angelika Reitzer
Angelika Reitzer, nouvelle voix féminine en provenance d'Autriche, est née en 1971 en Styrie et a grandi près de Graz. Elle travaille et réside à Vienne depuis plusieurs années.
Dans son recueil de textes, «Frauen in Vasen» (Femmes en vases), l'auteure décrit des scènes du quotidien de Maria. Angelika Reitzer alterne les instantanés avec des séquences rêvées et des souvenirs d'enfance présentés en une mosaïque d'épisodes placés bout à bout, de sorte à composer une image pour le lecteur, une image de vie. Ces alternances forment un épais tissu narratif, aux imbrications complexes, obligeant le lecteur à offrir toute son attention, l’incitant à glisser très profondément dans le texte. Mais c’est justement cela qui donne à l’oeuvre sa profondeur particulière. D’autant que l'auteure sait, à coup de mots simples, composer des histoires fortes et sincères, qui suscitent des sentiments variés et attirent le lecteur au coeur de l'action.
A Loèche-les-Bains Angelika Reitzer présentera pour la première fois son dernier roman, «Unter uns» (Entre nous).
L'histoire commence avec une fête de famille qui est une fête d'adieu. Les parents de Clarissa s'en vont, ils se retirent, et sortent par la même occasion de la vie de leurs enfants. Clarissa et tous les autres sont en plein milieu, justement, de leur vie, et pourtant pas tout à fait. Ils cherchent leur place dans des relations en constante évolution, passant d'un projet à un autre, sans qu’il ne leur reste rien à la fin qu'un vague réseau de relations peu fiables.
Avec ce nouveau roman, Reitzer dresse un grand panorama de l'époque contemporaine, un présent aux relations familiales et professionnelles bouleversées, où tout est prévu ne durer qu’un temps bien déterminé. Un roman familial – sans famille.
Unter uns. Roman, Residenz Verlag 2010
Frauen in Vasen. Nouvelles, Haymon Verlag 2008
Taghelle Gegend. Roman, Haymon Verlag 2007
Judith Schalansky
Avec l’atlas Judith Schalansky a trouvé une forme d’expression lui permettant d’allier de manière idéale ses différents domaines d’activité. Auteure indépendante et artiste plastique, Judith Schalansky vit à Berlin et enseigne la typographie à Potsdam.
Il y a trois ans, elle publiait avec «Fraktur mon Amour» une déclaration d’amour à la vieille typographie de style gothique. L’année passée paraissait son premier roman «Blau steht dir nicht» (Le bleu ne te va pas), dans lequel il était question de marins et de rêves d’évasion. Avec «Atlas der abgelegenen Inseln», un atlas des îles isolées, sa dernière production, Judith Schalansky rassemble formes et mal du voyage dans un magnifique livre.
Une île est toujours ambiguë: lieu d’aversion ou de tentation, de refuge ou d’exil, paradisiaque ou infernal. Et parce qu’elles peuvent être tout cela à la fois, les îles offrent une formidable surface de projection pour les souhaits, les rêves et les craintes.
En ouvrant ce livre enchanteur, le lecteur accepte, tel un Robinson, de quitter le monde pour un instant – car Judith Schalansky est une formidable guide, une grande enchanteresse, tant sur le plan typographique que topographique. Elle emmêne son lecteur dans un fantastique voyage autour du monde, sur cinquante îles aux noms aussi oniriques que Solitude, Pukapuka, Fangataufa ou encore, Îles de la déception. Le doigt qui glisse sur les cartes, parcourant les lignes du monde, gagne une dimension érotique. «La cartographie, dit l'auteure, devrait enfin être considérée comme une forme poétique et l’atlas lui-même compté à part entière dans les Belles-Lettres». Et démontre avec ce paradis insulaire pour bibliophile à quel point sa requête est justifiée.
Atlas der abgelegenen Inseln. Fünfzig Insel, auf denen ich nie war und niemals sein werde. Mare Verlag 2009
Blau steht dir nicht. Roman. Mare Verlag 2008
Fraktur mon amour. Lettres gothiques avec CD-Rom. Hermann Schmidt Verlag 2006
Christoph Simon
Christoph Simon, né en 1972 à Langnau im Emmental, vit et travaille depuis des années à Berne. Il est membre du groupe d’écrivains «Die Autören» avec Urs Mannhart et Lorenz Langenegger.
Dix ans après le succès de son premier roman, «Franz oder Warum Antilopen nebeneinander laufen», Christoph Simon signe un magnifique livre sur le thème très littéraire de la promenade. Dans ce quatrième roman, «Spaziergänger Zbinden», l’auteur a trouvé un ton nouveau et s’est risqué à traiter des grands sentiments de la vie. Descendre un escalier avec un vieillard infirme peut durer très très longtemps – quiconque en a déjà fait l’expérience le sait bien. Lukas Zbinden, le protagoniste du roman de Christoph Simon, âgé de 87 ans, a alors même le temps de raconter à son compagnon, le civiliste Kâzim, toute l’histoire d’Emilie, l’amour de sa vie, et de sa passion de toujours pour la promenade.
«Spaziergänger Zbinden» est un roman touchant et plein d’humour, qui raconte la vie d’un homme que l’on aurait bien rencontré à n’importe quel moment avec plaisir. Non pas que Lukas sont un homme simple; l’amour pour sa femme Emilie ne s’est pas déroulé sans heurts, et la jalousie et les coups durs ne sont pas restés étrangers au vieil homme, de nature si optimiste. Mais il est clair que seul cet amour d’une vie l’a empêché de devenir en vieillissant un vieux promeneur bougon, en le transformant en un homme joyeux, pour qui le monde s’ouvre dès qu’il le pénètre. «Spaziergänger Zbinden» est un roman calme, un roman fin, que l’on ne dévore pas mais dans lequel on pénètre tranquillement – comme en promenade.
Spaziergänger Zbinden. Roman. Bilger Verlag 2010
Planet Obrist. Roman. Bilger Verlag 2005
Franz oder Warum Antilopen nebeneinander laufen. Roman. Bilger Verlag 2001
Fabio Stassi
L'écrivain Fabio Stassi fait partie des auteurs italiens les plus intéressants de sa génération. Né en 1962 en Sicile, Fabio Stassi travaille aujourd'hui comme bibliothécaire à Rome.
Dans «Die letzte Partie» (La dernière partie), son troisième et dernier roman en date – le premier a avoir été publié en allemand –, Fabio Stassi raconte avec une imagination débridée, la vie et la dérive du légendaire joueur d'échec Capablanca. Le jeu d’échec se fait métaphore de vie tandis que l’auteur dépeint avec une merveilleuse mélancolie la passion, les obsessions et l'éternelle peur de la défaite.
Son dernier livre traduit en allemand, «Die Trophäe», est une histoire à couper le souffle d'amour, de football et d'irréductibles rebelles. Dans le Paris des années vingt, le jeune Rigoberto Aguyar Montiel tombe éperdument amoureux de Consuelo, une magnifique andalousienne ayant servi de modèle à l’élaboration de la «Coupe Jules Rimet», trophée de la première coupe du monde de football de 1922. Lorsque la belle disparaît de mystérieuse façon peu après leur rencontre, Rigoberto désespéré jure de tout mettre en oeuvre pour au moins posséder la coupe.
Déguisé en journaliste sportif, il parcourt alors le monde et le temps, de coupe du monde en coupe du monde. De l’Italie fasciste des années trente, au swing londonien des sixties, en passant par la Cuba révolutionnaire des années cinquante, Rigoberto finit par atterrir dans l’Amérique du Sud pillée et dictatoriale des années septante.
Le livre de Fabio Stassi est un récit séduisant, oscillant entre le roman d’aventure, le thriller politique et un récit encyclopédique unique en son genre au sujet des coupes du monde de football et de leurs matchs les plus légendaires.
Die Trophäe. Roman. Kein & Aber, 2010. Traduit de l’italien par Monika Köpfer
Die letzte Partie. Roman. Kein & Aber, 2008. Traduit de l’italien par Monika Köpfer.
Ornela Vorpsi
L’Albanie est solitude, peut-on lire dans les essais de voyage d’Andrzej Stasiuk. Ce pays, coupé du reste de l’Europe durant des décennies, serait «l’inconscient de notre continent», le Ça européen, la peur, qui rend visite pendant la nuit à l’Europe occidentale.
Ornela Vorpsi est née en 1968 à Tirana. Depuis le début des années 1990, elle vit et travaille à Paris, à la fois comme écrivaine, photographe, peintre et artiste vidéaste. Ses textes, rédigés en italien, paraissent en général rapidement en traduction française. Son premier livre, «Il paese dove non si muore mai», («Le pays où l’on ne meurt jamais» en français) a remporté un franc succès. Composé de petites proses, esquissant une enfance en Albanie, le roman se révèle être un rude règlement de compte de l’auteure avec son pays d’origine au temps du communisme. La jeune protagoniste est livrée sans protection à la brutalité de la société dans laquelle elle grandit. Dans le mélange de désir et de haine, avec lequel les genres se rencontrent, et le terrible arbitraire du système politique, elle fait l’expérience de l’absurdité fondamentale de la vie.
Avec «Vert venin» l’auteure poursuit ce qu’elle avais commencé dans «Le pays où l’on ne meurt jamais»: décrire le «syndrome balkanique» de manière aussi directe que tendre, dresser le portrait d’humains entre Serbie et Albanie, dont la vie n’est pas moins guidée par les légendes que par le rêve de se rendre, un jour ou l’autre, dans l’occident doré. Vorpsi nous offre de magnifiques petites miniatures de vie, finement observées et emballées dans une langue belle qui enveloppe le jugement le plus rude d’une grande douceur, une langue drôle et pleine d’esprit, venimeuse, à souhait.
traductions françaises:
Le pays où l'on ne meurt jamais. Roman. Editions Actes Sud, 2004, trad. de l’italien par Marguerite Pozzoli
Vert venin. Roman. Editions Actes Sud, 2007, trad. de l’italien par Nathalie Bauer
traductions allemandes:
Die Hand, die man nicht beisst. Roman. Zsolnay Verlag 2010. trad. de l’italien par Karin Krieger
Das ewige Leben der Albaner. Roman. Zsolnay Verlag 2007. trad. de l’italien par Karin Krieger
Alissa Walser
Alissa Walser, née en 1961 à Friedrichshafen, a étudié la peinture à Vienne et à New-York. Elle vit à Francfort depuis 1987. En 1992, elle reçoit le prix Ingeborg Bachmann et le prix Bettina von Arnim pour sa nouvelle «Geschenkt». Elle a publié plusieurs œuvres en proses et des pièces de théâtre, d’abord sous le pseudonyme «Fanny Gold», et s’est rapidement fait un nom en tant que peintre. Alissa Walser a en outre traduit en allemand les journaux intimes de Sylvia Plath, ainsi que des pièces de théâtre de Joyce Carol Oates, Edward Albee, Marsha Norman et Christopher Hampton, entre autres.
Alissa Walser et László Krasznahorkai sont les lauréats du Spycher: prix de littérature de Loèche.
Extrait de la motivation du jury: «Alissa Walser, peintre et traductrice, auteure de nouvelles et de pièces de théâtre, reçoit le Spycher: prix littéraire de Loèche pour son premier roman ‹Am Anfang war die Nacht Musik›. Elle y réussit de manière fine et surprenante ce qui représente sans doute l’un des aspects les plus difficiles de la littérature: élaborer une langue pour l’inexprimable.
Alissa Walser raconte l’histoire vraie de la relation exceptionnelle qui liait un petit génie de la musique aveugle et son médecin-sorcier, le docteur Franz Anton Mesmer, dans le Vienne du 18ème siècle. Deux âmes sœurs, réunies au delà de l’opinion dominante, dont l’histoire est racontée dans une langue délicate, ramassée et elliptique, touchant à l’aphorisme. Une langue à la musique particulière, capable de réveiller les motifs primaires et d’esquisser des images originelles.»
Am Anfang war die Nacht Musik. Roman. Piper Verlag 2010
Die kleinere Hälfte der Welt. Recueil de nouvelles. Rowohlt Verlag 2000
Dies ist nicht meine ganze Geschichte. Nouvelles. Piper Verlag 1994
Traductions françaises:
Et ce n’est pas toute mon histoire. Nouvelles. Robert-Laffont, 2001. Traduit de l’allemand par Marianne Dautrey.
Serhij Zhadan
Serhij Zhadan est une star de la jeune scène littéraire ukrainienne. Avec Juri Andruchowytsch, il est l'écrivain contemporain le plus connu d'Ukraine. Serhij Zhadan est né à Starobilsk, dans une région à l'est de l'Ukraine. Il a déjà publié douze livres, proses et poèmes, qui entrainent le lecteur dans l'anarchie de l'époque post-soviétique en mutation. Dans son dernier roman, paru en allemand l'année dernière, Hymme der demokratischen Jugend («Hymne de la jeunesse démocratique»), Serhij Zhadan fait appel à tous les registres de sa connaissance pour dresser en six épisodes comiques et rythmés le portrait de quelques héros de cette période de grandes transformations. Six personnages originaux foisonnant d'idées folles, qui participent à la construction d'une société qui ne tardera pas à les écarter. L'auteur épuise les clichés est-européens dans ces histoires de la course au bonheur du monde moderne. Les marginaux des histoires de Zhadan sont des fonceurs, des malins aux allures simplistes, des madrés qui cherchent une place dans ce monde de plans de business et de philosophies d'entreprise.
Si on faisait ce que souhaitent les fonctionnaires à la culture, remarque Zhadan, toute production culturelle contemporaine devrait comporter une note nationale, une touche de traditionnel. Mais ce concept de «culture collective» n'est pour lui qu'une chimère. «Il n'y a pas de culture collective, dit-il, il y a toi et il y a ta télévision, et ce que tu vois à la télé, cela ne regarde que toi.» Avec des accents combatifs, Zhadan proclame le copyright «résidu de la lutte des classes».
Serhij Zhadan n'est pas à la recherche des traces de l'Histoire. Son espace littéraire et le Ici, le Maintenant, la vie dans tout son éclat. Il raconte les histoires de sa génération – urbaines et sans nostalgie.
Hymne der demokratischen Jugend. Trad. en allemand par Juri Durkot et Sabine Stöhr. Suhrkamp 2009
Die Selbstmordrate bei Clowns. Erzählungen und Texte von Serhij Zhadan. Photos de Jacek Dziaczkowski. Trad. allemande de Claudia Dathe. Edition Foto Tapeta, Berlin; Warschau 2009
Anarchy in the UKR. Trad. en allemand par Claudia Dathe. Suhrkamp 2007
Otto Zumoberhaus
Otto Zumoberhaus est né en 1929 à Rarogne dans le Haut-Valais. En 1950, il quitte le Valais et entame d’abord une formation dans l’hôtellerie avant de travailler dans une banque. Aujourd’hui Otto Zumoberhaus vit à Bâle.
Jusqu’ici Otto Zumoberhaus publiait des histoires en dialecte, «Am Schattenberg» est son premier roman. Il raconte l’histoire d’une famille du Haut-Valais, la famille Zenthelen, entre 1870 et 2008. À l’origine, l’auteur avait décidé d’écrire dès sa retraite l’histoire de sa propre famille. Mais pour un roman, la réalité ne lui semblait pas suffisante. Il a alors inventé la famille Zenthelen et leur village d’origine, Lärchen. Si les personnages de cette saga familiale et leurs destins sont inventés, la représentation de la vie et de l’adversité à laquelle ils sont soumis en permanence démontre qu’Otto Zumoberhaus puise avec plaisir dans le trésor d’expérience qui est le sien et dans son savoir sans fond, utilisant en particulier les vieilles légendes ou coutumes. Il esquisse ainsi une image presque documentaire de la vie et de ses souffrances, influencée par les événements de l’Histoire mondiale, mais surtout imprégnée de la nature, parfois bien inhospitalière, et de la stricte religion catholique.
Otto Zumoberhaus a hérité de son père son amour pour le théâtre et celui-ci aussi joue dans «Am Schattenberg» un rôle important: régulièrement des pièces de théâtre sont mises en scène et tout le village y participe. À travers des expressions et des petits dialogues en «Wallisertitsche», le dialecte haut-valaisan, Otto Zumoberhaus recrée une certaine immédiateté et donne une touche inimitable d’originalité à son récit. Cela a sans aucun doute contribué à faire de ce premier roman un tel succès qu’il en est déjà à sa deuxième édition.
Am Schattenberg. Roman. Rotpunktverlag 2009